MOTOCYCLISME
Près de Fukushima, Casey Stoner limite ses apparitions
29. septembre 2011, 23h00
Jean-Claude Schertenleib | Le Matin
L’Australien ne s’est pas présenté jeudi à la traditionnelle conférence de presse d’avant Grand Prix, à Motegi. A 120 km de Fukushima, il veut limiter le nombre de ses apparitions.
Le pilote australien Casey Stoner lors du Grand Prix d'Aragon. © Keystone
L’image est étonnante: dans la petite salle où se tiennent traditionnellement les différentes conférences de presse qui entourent un Grand Prix, les rangs sont plus que parsemés. Du coup, Valentino Rossi s’est assis dans le public, détendu, souriant. On lui demande s’il désire qu’on prenne sa place à la table d’honneur, il acquiesce: «Comme cela, ce sera une fois à moi de poser les questions.» Le protocole terminé, un seul confrère italien s’est approché du roi de la moto, pour deviser dans la langue de Dante. Les autres, tous les autres, ceux qui transformaient habituellement ces instants en foire d’empoigne, sont restés au pays. La peur des effets de la catastrophe nucléaire de Fukushima, à une grosse centaine de kilomètres du circuit de Motegi qui accueille ce week-end le GP du Japon.
Lorenzo s’en mêle
Rossi a réussi son clin d’œil, le champion du monde en titre Jorge Lorenzo y va du sien. Car derrière la fameuse table officielle, il manque quelqu’un de très important: le leader du championnat, le dominateur de cette saison 2012, Casey Stoner. «Mais il est où, Casey? Car sans lui, les choses vont être différentes, moi qui craignais déjà que mon titre fût perdu, cela change tout»: Lorenzo rigole lui aussi. Casey Stoner n’est pourtant pas très loin, mais il veut juste limiter le nombre de ses apparitions; l’Australien, qui avait été le plus virulent quand le GP du Japon, renvoyé au printemps en raison des catastrophes du 11 mars avait été refixé, se cache à son hôtel, dont il ne sortira qu’au dernier moment. Sa compagne Adriana, dans l’attente d’un heureux événement, n’a pas fait le déplacement du Japon: les tourtereaux se retrouveront lundi déjà dans leur Australie natale.
Absent, mais excusé
Les autres, eux, sont là. Sauf l’Italien Claudio Corti (Moto2), sauf Loris Capirossi, qui a présenté un certificat médical suite à sa blessure du récent GP d’Aragon. Les Japonais seront même en masse en MotoGP, avec notamment la présence du très ancien (44 ans) Shinichi Ito: «Si je peux donner un peu d’espoir au peuple qui souffre encore, je serai heureux.» Etrange ambiance, on vous le dit. Dans un étrange décor: l’anneau de vitesse qui entoure le circuit routier de Motegi porte encore les cicatrices du tremblement de terre. Et la route qui mène de Mito - où logent les équipes - au circuit, est un long ruban à l’asphalte irrégulier, d’importantes verrues voisinant avec des trous impressionnants.
A certains endroits, on trouve des décharges à ciel ouvert, où s’amoncellent des éléments de bois - la structure des maisons - qui n’ont pas résisté aux secousses. Et dans la campagne, un toit sur quatre est recouvert de grandes bâches de plastique bleu, pour garantir une étanchéité précaire. Oui, étrange décor. Et étrange ambiance pour un Grand Prix qui ne sera pas, qui ne pourra pas être, tout à fait normal.