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Alex Marquez au HRC : Bonne idée ?

C’est la sensation de cette fin de saison. Alex Marquez, champion du Monde Moto2 ne remettra pas son titre en jeu comme prévu, mais fait le grand saut pour le MotoGP suite au retrait de Jorge Lorenzo directement dans la plus grosse équipe du plateau. Alors, bonne idée ?

La retraite de Jorge Lorenzo n’était pas prévue, mais il faut bien reconnaitre qu’au vu de la saison du pilote espagnol, de ses nombreuses blessures depuis un peu plus d’un an, et surtout de ses résultats indignes de son niveau, personne n’a été surpris de voir Lorenzo mettre la flèche. Pour les trois dernières courses de la saison, l’équipe LCR Honda avait embauché Johann Zarco en remplacement de Takaaki Nakagami, et on savait depuis ce moment que le français risquait de jouer gros. Même si Honda et le pilote avait annoncé dès le début de leur collaboration qu’il ne « fallait pas se faire d’illusion ». Mais tout de même, comme par hasard, Honda n’a pas demandé à Stefan Bradl de remplacer Nakagami, ni même à un pilote japonais (ce qui aurait très bien pu être possible, surtout pour la fin de la tournée asiatique-Océanie), mais bien au pilote remercié par KTM quelques semaines auparavant. Zarco n’a pas démérité sur une Honda de l’année 2018, lui qui découvrait la machine lors des premiers essais en Australie. Au vu des écarts serrés cette année, on savait qu’un top 10 allait être compliqué. Et pourtant, le français, sans être transcendant n’a pas été perdu. Il a progressé petit à petit sur cette moto, malgré deux abandons en trois courses. En Malaisie, sans l’accrochage avec Joan Mir, Zarco aurait terminé dans le top 10. Puis à Valencia, là encore il était meilleur que ce qu’il montrait avec KTM.

Alors pourquoi n’a-t-il pas obtenu la RCV Repsol ? Est-ce normal de voir Alex Marquez sur cette selle ?

Tout d’abord, Alex Marquez a remporté le titre de Champion du Monde Moto2. Depuis cinq saisons en Moto2, c’est la première année où il arrive à être régulièrement sur les podiums. Sa première année dans l’équipe Marc VDS était moyenne pour un rookie champion du Monde Moto3. Seulement 14ème du championnat, il avait souffert de la comparaison avec l’autre rookie du Championnat qui était Alex Rins. Le pilote Pons avait marqué 234 points vs 73 pour Marquez. L’adaptation de Marquez avait été longue, mais il avait toutefois terminé deux fois au pied du podium en deuxième partie de saison. Mais avait aussi connu quatre chutes. Pour sa deuxième année, il n’avait pas semblé progressé, mais tout simplement régresser en chutant à de trop nombreuses reprises. En effet, il n’avait connu pas moins de huit résultats blancs malgré son premier podium… Mais en 2017, il avait enfin réussi une belle année en terminant 4ème du championnat avec trois victoires et six podiums avec toutefois encore quatre résultats blancs. Mais il avait été éclipsé sur la fin de saison par Miguel Oliveira qui remportait les trois dernières courses ou par un Franco Morbidelli qui a rapidement pris le meilleur sur son coéquipier. Mais l’année de Marquez était plus que correcte.

En 2018, favori pour le titre, il n’arrivait pas à concrétiser avec encore de nombreux abandons et de chutes alors qu’il était en bonne position. On pensait que son futur était obscurci et Marquez savait qu’il jouait très gros en 2019. Cette année, il n’a pas dominé le championnat et il faut reconnaitre qu’il a bénéficié des errements de KTM lors de la première partie d’année. On se souvient souvent des dernières courses d’une saison et rarement de la mi-saison. C’est certain que voir un Brad Binder enchainer les podiums et les victoires en fin d’année peut rendre le titre de Marquez moins beau. Mais l’espagnol a été très régulier cette année avec « seulement » trois chutes. Il a remporté cinq courses en six GP entre la France et Brno. Et encore, il a été emmené au sol par Baldassarri aux Pays-Bas à deux tours de la fin alors qu’il jouait la victoire. On voit donc qu’il a passé un énorme cap cette année. Le seul moment où il a semblé moins serein, c’est sur la fin de saison quand le titre se rapprochait et qu’il voyait que sans erreur de sa part, il pouvait remporter le championnat. Au final, il a été le plus intelligent de la saison. Très fort lorsqu’il était en forme, puis il a géré intelligemment sa fin de saison. Alors oui, ce n’est pas le plus beau titre de l’Histoire, il n’a pas toujours attaqué sur la fin d’année et a préféré prendre les gros points. Mais cela montre qu’il a muri, et a remporté son titre non pas par défaut, mais par maturité. Comme le disait Enzo Ferrari « Pour terminer premier, il faut premièrement terminer ». Cette phrase colle parfaitement à la saison de Marquez.

Au vu de sa saison, Marquez mérite un guidon en MotoGP. On avait entendu parler de lui pour arriver chez Ducati Avintia, mais un veto semble avoir été mis pour ne pas accueillir un Marquez. Est-ce vrai ? On peut en douter, mais tout est possible. Puis on avait parlé en cours de saison de l’arrivée dans l’équipe Petronas pour l’année 2020 sur la Moto2, en vue de monter en MotoGP en 2021. Là encore, cela est possible, mais rien de certain. Avec les nombreux contrats qui se terminent fin 2020, ce n’est pas la meilleure année pour arriver en MotoGP. La plupart des contrats sont verrouillés et on voit bien, que sans la retraite prématurée de Lorenzo et le départ de Zarco chez KTM, il n’y aurait eu qu’un rookie avec Brad Binder en lieu et place d’Hafizh Syahrin.

Maintenant, est-ce normal de retrouver Alex Marquez directement dans la plus grosse équipe MotoGP ? La réponse est logiquement non. Mais contrairement à des arrivées « normales » en MotoGP, le contrat de Marquez n’a pas été signé 6 mois avant la fin de saison. Le HRC s’est retrouvé le bec dans l’eau avec le départ anticipé de Lorenzo. Alex Marquez n’a pas été un choix réfléchi pendant plusieurs semaines, mais un choix par défaut.

Quels auraient été les autres pilotes possibles sur la Honda Repsol ?

Il n’y a pas beaucoup de pilotes qui pouvaient espérer cette moto. On en voit trois autres avec Cal Crutchlow, Takaaki Nakagami et Johann Zarco.

  • Cal Crutchlow aurait été le plus logique. Mais l’anglais a 34 ans, a déjà parlé de sa future retraite, a encore eu une saison faite de quelques hauts mais de beaucoup de bas avec de nombreuses chutes. Dans les plus, Crutchlow a l’expérience de la moto et de la catégorie, et aurait pu espérer ce poste avec son ancienneté pour service rendu. Mais le MotoGP n’est pas là pour faire plaisir aux pilotes. Honda n’est pas une œuvre de charité. Dans les moins, Crutchlow en a quelques-uns. Tout d’abord comme on l’a dit, son âge avancé. On a parlé des problèmes de sponsors, l’anglais étant sponsorisé de longue date par Monster alors que l’équipe officielle a Red Bull (encore que ce n’est pas le plus gros problème). Mais surtout, par ses nombreuses déclarations assez lunaires depuis deux ans, Crutchlow n’est pas le pilote le plus corporate de la catégorie. Il a de nombreuses fois critiqué Honda, malgré le fait d’avoir la même moto que Marquez. L’équipe officielle n’avait peut-être pas envie de gérer ces problèmes. Autant aujourd’hui, dans l’équipe LCR, Crutchlow est connu des médias pour son franc parler mais dans l’équipe numéro 1, la moindre parole ou geste est décuplé.
  • Takaaki Nakagami n’avait qu’un point positif. Sa nationalité. On sait qu’il est en MotoGP grâce au fait d’être japonais. La catégorie a besoin d’un pilote japonais et le constructeur numéro 1 veut un pilote de son pays. Maintenant, Nakagami n’a jamais prouvé qu’il avait sa place dans une équipe officielle. Lui aussi aurait pu être signé pour un an par Repsol, mais en cas de gros raté, il aurait été difficile de le garder en 2021. Et puis l’équipe LCR a un sponsor japonais avec Idemitsu depuis l’an dernier, est-ce que ce sponsor aurait accepté de sponsoriser un pilote non-japonais ? On peut en douter. Pour Nakagami, s’il veut continuer tranquillement en MotoGP, c’est mieux de rester « caché » chez LCR.
  • Johann Zarco. C’était surement le choix le plus logique derrière Crutchlow. En point positif, Zarco a déjà joué devant en MotoGP avec Yamaha et il connait deux motos avec la Yamaha et la KTM en un an et peut donc avoir un bon retour et comparé les motos. Ses piges chez Honda, sans être fameuses ont été plus que correctes. Il était soutenu par Carmelo Ezpeleta qui lui avait dégoté la LCR pour les trois dernières courses. Mais dans les points négatifs, il y a bien entendu le fait d’avoir raté sa saison chez KTM avec surtout un comportement loin d’être irréprochable. Zarco n’a surement pas tort dans ce qu’il a dit sur la RC16. Mais Honda a déjà Crutchlow comme pilote difficile à gérer, ils ne veulent surement pas d’un Zarco qui est capable de dire aux médias que la moto ne fonctionne pas. On a retenu de son passage chez KTM l’énervement lors des essais de Jerez mais c’était dans l’action, on peut donc l’excuser. Mais lorsqu’il est au calme, il est souvent négatif dans ses propos même s’il veut faire progresser l’équipe, cela n’est pas toujours bien vu. Ses résultats avec une moto rétive ont aussi joué en sa défaveur. Dernier point négatif, son refus l’an passé de signer chez Honda. Quoi qu’on dise cela a surement eu un petit effet au moment de faire le choix, même si Zarco n’est plus conseillé par Laurent Fellon.

Alors pourquoi Alex Marquez ?

On a parlé du fait que le pilote espagnol est le Champion du Monde Moto2 en titre. Mais surtout, il est le frère du sextuple Champion du Monde MotoGP dans l’équipe Honda Repsol. Marc Marquez n’a pas le monopole du choix chez Honda, mais a un gros pouvoir. Son contrat avec l’équipe japonaise prend fin en 2020. En signant Alex Marquez, Honda a un coup d’avance sur ses adversaires pour faire signer un nouveau contrat à Marc. Même si Marc a annoncé qu’il n’a rien demandé à Honda, on se doute qu’il en a parlé ou que Honda savait que cela allait faire plaisir à l’ainé.

Les frères Marquez sont très proches. Honda sait qu’il n’y aura pas de problème d’égo entre les deux pilotes avec un pilote numéro 1 et un pilote numéro 2 et que Marc n’aura pas l’ombre de son frère. Pour débuter, Honda sait que Marc va surement conseiller son frère et l’aider lorsqu’il le pourra lors des essais, en le laissant par exemple prendre la roue qu’il faut.

De plus, Alex connait déjà plus ou moins les membres de l’équipe Repsol. En effet, on le voit à chaque course MotoGP dans le box de son frère à regarder les images assis avec son père qui est aussi toujours présent sur les GP. Honda connait donc le pilote, mais aussi l’humain. Et quand on sait l’importance des rapports humains dans ce monde où on passe plus de 150 jours ensemble dans une saison, cela peut compter.

Puis, Alex Marquez a comme manager Emilio Alzamora qui est aussi le manager de son frère ainé. Alzamora a un pouvoir dans l’équipe Honda du fait de Marc Marquez. Il peut avoir joué là-dessus lorsqu’il a fallu négocier quelque chose. Et puis, il est plus facile pour Alzamora de faire du lobbying envers les membres de l’équipe Honda et Alberto Puig lorsqu’on est déjà proche d’eux, plutôt que lorsqu’on est dans la situation de Johann Zarco, sans manager, avec comme seul soutien le promoteur du GP de France.

Du point de vue marketing, l’arrivée d’Alex Marquez est une aubaine pour Honda. Comme pour l’arrivée de Jorge Lorenzo l’an passé, on a énormément parlé de l’équipe Repsol. Ce sera la belle histoire, les médias vont pouvoir en parler tout l’hiver, voir les deux frères dans l’équipe numéro 1.

Maintenant, il y a aussi de nombreux points négatifs avec là aussi du marketing. Honda Repsol a depuis 7 ans deux pilotes espagnols dans son équipe phare. On sait que les japonais veulent vendre des motos dans le monde entier. Ce serait mieux d’avoir un pilote italien, anglais, américain ou français pour son image de marque. La DORNA aurait préféré avoir un pilote d’une autre nationalité sur cette moto, l’Espagne qui compte déjà neuf représentants en catégorie reine. Il ne faut pas que le Championnat ne soit que celui de l’Espagne, même si les pilotes sont d’un très bon niveau.

 Mais surtout, celui qui joue le plus gros sur ce coup est Alex Marquez lui-même. En effet, il va tout de suite être scruté. On l’a vu lors des premiers essais à Valencia. Une chute après 8 tours seulement et on a tous les sites Internet et médias qui ont parlé de ça. Pourtant Brad Binder a aussi chuté dans les rookies. Sans parler de Marc Marquez, Fabio Quartararo, Cal Crutchlow, ou Andrea Iannone dans les pilotes qui connaissaient déjà leur moto.

Les chronos ont été disséqués et pour le moment, il faut reconnaitre qu’ils ne sont pas excellents. Oui, il apprend et sa chute rapide a surement été un frein dans sa progression, il voulait par la suite assurer et ne pas perdre confiance en chutant à nouveau.

Et puis si la saison se passe mal à partir du Qatar, Marquez pourrait perdre très gros. En effet, quelle équipe va vouloir prendre un pilote, même s’il est jeune, qui se rate complètement pour son année de rookie ? Est-ce que Honda gardera Marquez pour le « redescendre » chez LCR ? Avec les nombreux contrats qui vont être signés rapidement, les meilleures motos seront vite prises. Les comparaisons vont fuser par rapport à son frère champion du Monde dès sa première année en MotoGP sur cette même moto.

Si on fait un petit comparatif par rapport aux dernières années pour les rookies, on peut s’apercevoir que Marquez n’est pas bien loti. En effet, après une journée lors du GP, Iker Lecuona sur la KTM Tech3 avait fait 41 tours pour un meilleur chrono en 1’33″1. Avec une journée supplémentaire (+44 tours), il était déjà en 1’31″6. Après le GP et les 2 jours de test, Iker a confirmé en améliorant encore un peu en 1’31″5 (10 tours sous les 1’32 » le mercredi par exemple).

Brad Binder de son côté après 1 journée  de 70 tours était en 1’32″6, puis lors de la 2ème journée (+63 tours) en 1’32″3.

Alex Marquez pour son 1er jour était en 1’32″8 après 53 tours. Après le 2ème jour (+79 tours), il est seulement en 1’32″2.

Bref, Alex Marquez est encore à 2″4 après 48h sur la MotoGP quand:
– Pecco Bagnaia (Ducati) n’était qu’à 0.6s (fin 2018)
–  Joan Mir (Suzuki) à 0.9s (fin 2018)
–  Jonas Folger (Yamaha) à 0.9s (fin 2016)
– Johann Zarco (Yamaha) à 1.0s (fin 2016)
–  Fabio Quartararo (Yamaha) à 1.3s (fin 2018)
–  Franco Morbidelli (Honda) à 1.7s (fin 2017)
– Takaaki Nakagami (Honda) à 1.8s (fin 2017)
–  Maverick Vinales (Suzuki) à 2.2s (fin 2014)

Ces 5 dernières années, ceux qui ont été si éloignés du leader des premiers essais post-GP Valencia n’ont pas tous la chance d’avoir la Honda HRC championne du monde…
-Loris Baz (sur l’Avintia client à 2.5s fin 2014)
– Eugene Laverty (sur la Honda Open CRT à 2.5s fin 2014)
– Xavier Simeon (sur l’Avintia client à 2.6s fin 2017)
–  Jack Miller (sur la LCR mais en venant directement du Moto3 à 2.7s fin 2014)
– Miguel Oliveira (sur la KTM à 3.0s fin 2017)

Pour conclure, on peut dire que celui qui joue le plus gros n’est pas Honda, mais bien Alex Marquez. Sa carrière risque de connaitre un coup d’arrêt en 2020. Ou décoller complètement !

Bonne Chance Alex !

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