Re : Présentation MotoGP 2011
Pour ceux qui ne le savent pas encore, j'ai l'énorme défaut (en tout cas de votre point de vue :p) de ne pas m'intéresser qu'à la moto et d'apprécier tout autant la F1 et son monde.
Du coup je squatte ici et la les sites d'infos et le blog de Jean-Louis Moncet, qui est cette année au Vroom. Voici ses impression sur la première journée, consacrée aux pilotes Ducati
Citation:
Soirée d’ouverture de ce rendez-vous annuel de Madonna di Campiglio, que j’ai manqué deux fois de suite en 2009 et 2010. Au point que mes amis de Ferrari et de Philip Morris persiflaient. Dans le style : « On voit bien que ton ami Jean Todt n’est plus là, tu ne viens plus nous voir, etc, etc ». J’ai eu beau expliquer que par deux fois j’avais eu des empêchements, ils ne me croyaient plus. Donc, j’ai demandé les dates de Wrooom, c’est le nom de l’opération, et je les ai réservées. Et nous voici de retour dans la belle station du Trentin. Hier soir, arrivée des stars : Nick Hayden, extrêmement discret, Jules Bianchi, plutôt timide, Felipe Massa, enjoué, Fernando Alonso, sûr de lui et entouré d’une cohorte de photographes et de cameramen. Mais il en a l’habitude… Lorsque soudain, la rumeur enfle, ça gronde, ça crépite, c’est éclairé comme en plein jour dans la bousculade : son excellence Valentino Rossi vient de faire son entrée.
J’ai déjà eu l’occasion de raconter ici ou dans Auto Plus comment j’avais fait la connaissance du celui qui n’était pas encore le « Docteur ». C’était en 2000, Jean Alesi allait effectuer ses premiers essais avec la Prost à Jerez, et la veille les écuries de motos bouclaient une séance avec les 500 cc. Frais émoulu de la 250, Rossi venait d’achever ses premiers tests en 500, mais il ne put s’empêcher d’aller admirer les F1 déjà dans les garages à l’autre bout des stands. A cette époque, Jeannot Alesi ne l’appréciait pas vraiment, pour une seule et bonne raison que vous comprendrez : « Il n’aime pas Ferrari, me disait-il à propos de Valentino, pour un Italien, c’est un scandale ». Mais l’Avigonnais lui fit tout de même les honneurs de son cockpit. Vale était juste un enfant, tapotant sur tous les boutons, demandant des renseignements sur toutes les manettes et les poussoirs. Mais surtout, il se faisait donner les points de corde, les vitesses de pointe ou de passage, les points de freinage et dans ces derniers domaines, on sait très bien que les F1 surclassent les motos. Donc tous les commentaires d’Alesi étaient émaillés des « Incredibile !!! » de Rossi. Depuis, les deux hommes s’entendent à merveille, et « le Docteur » a changé d’avis sur Ferrari.
Ce matin, conférence de presse des sociétaires de Ducati, Nick Hayden et Valentino Rossi, et on peut deviner le bonheur des responsables de la marque italienne et de Philip Moris : enfin, ils ont Rossi avec eux, ils le guettent depuis tellement longtemps. Hayden commence seul. Commentaire du journaliste Thomas Baujard (Moto-Journal) en parlant de Rossi qui n’est pas là : « Il dort encore, l’animal ». Il parait qu’un jour, il a manqué un warm up. Je me rappelle aussi qu’il n’a pas pris le départ d’un rallye, alors qu’il était un équipier d’Alesi, car il ne s’était pas réveillé. . . Et tout à coup, alors que Hayden continue de parler, se produit un énorme reflux de photographes et de cameramen : Rossi vient d’arriver et de s’installer le plus discrètement possible, espère-t-il, dans la salle. Pas de chance ! Voilà qui me rappelle une conférence de presse avec Damon Hill, Jacques Villeneuve et Michael Schumacher. Dans le dos de Hill, Villeneuve commença de parler à voix basse avec Schumacher, et arriva ce qui devait arriver : plus personne n’écoutait Hill, toute le monde regardait les mimiques et les sourires des deux autres qui torpillaient le discours de Hil.
10h00 : Rossi entre en scène. Silhouette fluette, mais je crois qu’il ne faut pas s’y tromper, regard bleu et langage déterminé : « On parle italien ». Et je n’entends aucune récrimination de nos amis anglais ou allemands. Je remarque immédiatement deux choses : Rossi est d’une politesse exquise. Chaque journaliste le salue : il répond par un bonjour sans équivoque, un prénom, un geste de la main. Une star authentique, consciente de l’exemple qu’elle doit donner. Deuxième constatation : le niveau des réponses, claires, précises, techniques, comme il convient à très grand professionnel.
Mais je crois aussi comprendre pourquoi Rossi est si brillant. Je dois avouer comme je l’ai dit à mon copain Pierre-Henry Potherat, qui couvre les Grands Prix motos pour l’Equipe, que les questions des journalistes de la MotoGP sont excellentes, très pointues, très intéressantes. On est loin des questions purement polémiques des anti-Hamilton, des anti-Schumacher, des anti-Alonso, des anti ceci ou cela qui ruinent nos conférences de presse en F1. Les journalistes moto sont beaucoup plus compétents que les nôtres. L’un de mes amis m’a fourni une autre explication : « Les journalistes sont pour la plupart de vrais passionnés, très souvent motards eux-mêmes. Je crois que quand on a l’habitude conduire une 1000 ou une 1200 cc du commerce, d’une puissance de 200 chevaux, on est plus proche d’une Moto GP qu’un conducteur de Clio peut être proche d’une Formule 1″. Intéressant, et qui mérite débat.
Quelques remarques de Valentino Rossi. A propos de Fernando Alonso : « J’ai rencontré Fernando l’année passée… ce serait bien qu’un jour il fasse l’essai de ma moto GP et moi l’essai de sa F1. Il est très sympathique, je le soutiens, et je crois qu’il peut faire de très grandes choses, chez Ferrari ». A propos de Jorge Lorenzo et Casey Stoner : « Les comparer ? C’est difficile à dire : Lorenzo connaît bien sa moto, il a piloté la Yamaha l’an passé, extrêmement bien, sans pratiquement jamais faire une faute. Selon moi, Stoner doit encore s’améliorer, il doit devenir plus constant. Mais en ce moment, la Honda fait plus peur que la Yamaha ». A propos de Schumacher : « Quand on s’arrête tant d’années, c’est difficile de revenir et de recommencer à gagner. C’est une grosse décision de continuer en 2011, j’espère qu’il obtiendra des résultats ».
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