MOTOCYCLISME - GP DU QATAR
Ça, c'est un départ raté!

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Thomas Lüthi (au centre) a jailli tel un diable, au point de mener pendant deux tours, mais une pénalité pour départ volé et un pneu arrière défectueux ont ruiné tous ses espoirs
Thomas Lüthi finit quinzième seulement du premier GP de la saison, en nocturne, à Doha. Départ volé, deux tours en tête pour la télévision, un pneu arrière qui perd soudainement toute son efficacité, Tom a connu l'enfer dans le désert. D'où il revient avec un seul tout petit point mondial
Jean-Claude Schertenleib - 09/03/2008
Le Matin
«On était prêts, nous avions fait du bon travail à Jerez. Ici aussi, pendant les tests. Et là, que dire? Un point? Ce n'est rien. C'est raté.» Thomas Lüthi pourrait en vouloir au monde entier, il semble étrangement calme. Conscient qu'en l'espace de quelques minutes il a avalé un concentré de coups durs, cocktail beaucoup plus indigeste que le champagne du vainqueur. Grave? Pas grave? Pas grave, puisque, justement, ce GP du Qatar est le seul, cette saison, où les bouchons ne pètent pas, tradition culturelle oblige. On se console comme on peut...
Pas grave, vraiment? «J'ai commis une erreur au départ, j'assume. Ce qu'il y a de plus ennuyeux, c'est que, même si je n'avais pas été pénalisé, ma course aux avant-postes n'aurait pas duré plus de deux tours, ceux durant lesquels je suis d'ailleurs resté en tête. Et ce problème-là, je n'y peux rien, pas plus que mon équipe.» Thomas Lüthi n'a jamais fui ses responsabilités. Il ne le fera pas cette fois: «Mauro Noccioli, notre chef technicien, qui en a déjà connu durant sa longue carrière, n'a jamais vu un pneu arrière dans un tel état. Sur le côté droit, il manque des morceaux entiers de gomme. Et le problème est survenu presque immédiatement, ce qui est tout à fait anormal.»
Le bon choix
«Le plus ennuyeux, dans cette mésaventure, c'est que notre choix était celui de la sécurité. Avec le même pneu, samedi lors des essais libres qui s'étaient déroulés à la même heure, donc dans les mêmes conditions de température, je n'avais pas rencontré le moindre problème», poursuit Tom. Un défaut de fabrication? «Ce serait une explication facile, mais ce n'est pas cela, puisque Bautistá - qui a terminé en serrant les dents à la sixième place - a connu le même problème, alors que le pneu qu'il a utilisé, du même type que le mien, sortait d'une autre série. Donc...»
Donc Tom a raté son départ. Simple à dire, beaucoup moins à comprendre.
Tom a compté sur ses doigts
Thomas, pour un départ raté, c'est un départ raté?
Au propre comme au figuré, oui.
Une erreur de débutant?
Disons que c'est la première fois que ça m'arrive.
Mais encore?
L'an dernier, j'avais réussi ici le départ parfait en m'élançant déjà de la deuxième ligne; à l'époque, j'avais constaté que le temps durant lequel le feu restait allumé était assez court, et ça avait marché. Aujourd'hui, j'ai observé attentivement la procédure de départ en 125 et j'ai compté sur mes doigts, comme je le fais d'habitude. Le rouge est resté allumé plus longtemps. Trop.
Et vous avez fait un mouvement?
J'ai immédiatement su que j'allais être pénalisé. Dès que l'on bouge la roue avant, dans un sens ou dans l'autre, c'est la sanction. Malgré cela, je m'en suis sorti, puisque j'étais en tête au premier virage. Deux tours plus tard, je n'avais plus de pneu arrière.
Et après la pénalité?
Il n'y avait qu'une chose à faire: rester sur ma moto, grignoter quelques places et espérer être récompensé par un point ou deux. Il y en a eu un au final.
Pas assez pour un prétendant au titre?
Bien sûr que non. A un point tel que, lorsque j'ai compris que même sans cette pénalité, je n'aurais pas terminé devant, je me suis dit... «Heureusement que tu as fait le premier faux départ de ta carrière ici, et pas dans une course où tout sera réuni pour gagner!»