MOTOCYCLISME
Un mur, en Allemagne...
Image © Stan Perec
Thomas Lüthi n'a réalisé que le 14e chrono lors des qualifications qui déterminent la grille de départ. Il compte se battre jusqu'au bout, tout à l'heure
Amère ironie de l'Histoire: sur un circuit qui a longtemps servi de vitrine politique - c'était le temps des GP de l'Allemagne de l'Est -, Tom bute sur un mur. Il ne s'élancera tout à l'heure que de la quatrième ligne de la grille de départ (14e temps). Panique à bord? «Non, je me battrai comme jamais pour revenir...»
Jean-Claude Schertenleib - le 12 juillet 2008, 22h19
Le Matin Dimanche
Flash-back. 11 juillet 1971. Près de 250 000 spectateurs se sont amassés autour du Sachsenring, pour un nouveau GP de l'Allemagne de l'Est. La course des 250 cm3 est extraordinaire, marquée par la victoire au finish de Dieter Braun, devant Rodney Gould, Phil Read... et le Suisse Gyula Marsovsky. Dieter Braun est Allemand... mais de l'Ouest. Et le pouvoir en place de ce côté-ci du mur craint un soulèvement populaire au moment où l'hymne national devra être joué: «Des soldats armés veillaient dans la forêt. Et si l'hymne a été diffusé près du podium, comme par miracle, les haut-parleurs installés autour du circuit (qui mesurait alors 8,614 km) sont tombés en panne au même moment», raconte un ancien. C'était au temps du mur. En Allemagne...
Tom et le mur
12 juillet 2008. 37 ans plus tard: «Un mur, je bute sur un mur. Nous avons tout essayé, nous sommes partis dans une première direction, puis dans une solution opposée, rien n'y fait: j'aligne régulièrement des tours en moins de 1'25, mais je n'arrive pas à aller chercher les quatre dixièmes qui m'auraient permis de me qualifier sur la deuxième ligne, mon but à chaque course.» L'homme qui parle ainsi avait 3 ans quand le mur qui séparait les deux Allemagnes est tombé, il s'appelle Thomas Lüthi: «A la fin de la séance, je ne savais plus que dire à mes techniciens, donc je me suis tu. Le mal est toujours le même, le train avant manque de précision et je perds du temps du premier au dernier secteur du circuit», soupire Tom.
Déçu, bien sûr, mais pas abattu. Premièrement parce que ce n'est pas le genre du bonhomme. Et ensuite: «Parce que ce mur est tellement solide devant moi, que j'ai aligné un grand nombre de tours dans le même dixième, ce qui n'est pas le cas de (presque) tous les autres. Simoncelli (net dominateur) et Kallio mis à part, personne ne semble serein sur la distance. Alors que moi...» Sourire rempli d'espoirs... quelques instants: «Cela dit, s'il pleut, comme on l'annonce, ce sera loterie pour tous!»
LES GRILLES
Hohenstein-Ernstthal.
Grand Prix d'Allemagne
125 cm3: 1 Talmacsi (Hon), Aprilia, 1'27''552 (150,945 km/h). 2 Smith (GB), Aprilia, à 0''093. 3 Bradl (All), Aprilia, à 0''369. 4 Corsi (It), Aprilia, à 0''486. 5 Olive (Esp), Derbi, à 0''493. 6 Di Meglio (It), Derbi, à 0''571. Puis: 17 Krummenacher (S), KTM, à 1''202. 21 Aegerter (S), Derbi, à 1''318. 38 Chesaux (S), Aprilia, à 3''431. 39 pilotes en lice.
250 cm3: 1 Simoncelli (It), Gilera, 1'23''399 (158,462 km/h). 2 Simón (Esp), KTM, à 0''658. 3 Barberá (Esp), Aprilia, à 0''678. 4 Kallio (Fin), KTM, à 0''685. 5 Bautistá (Esp), Aprilia, à 0''854. 6 Debón (Esp), Aprilia, à 0''999. Puis: 14 Lüthi (S), Aprilia, à 1''412. 27 pilotes en lice, 26 qualifiés pour la course.
MotoGP: 1 Stoner (Aus), Ducati, 1'21''067 (163,02 km/h). 2 Pedrosa (Esp), Honda, à 0''353. 3 Edwards (EU), Yamaha, à 0''452. 4 Dovizioso (It), Honda, à 0''589. 5 Lorenzo (Esp), Yamaha, à 0''728. 6 de Puniet (Fr), Honda, à 0''754. 7 Rossi (It), Yamaha, à 0''778. 17 pilotes en lice.