MOTOCYCLISME
Thomas Lüthi : «Je ne suis pas fou!»
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Concentration: Tom Lüthi va répondre au journaliste du «Matin».
Thomas Lüthi parle de sa saison infernale. Le Bernois explique comment il veut redevenir, en 2009, un Tom qui gagne.
Jean-Claude Schertenleib - le 23 octobre 2008,
Le Matin
Bravo, Thomas, belle année 2008: Miss Berne vous quitte, vous vous blessez à deux reprises, vous ratez votre départ au Qatar, vous reculez de deux rangs dans la hiérarchie mondiale, Lüthi est fini, non?
Fini, fini? Pour de bon? Non. On peut voir les choses ainsi, moi je les regarde autrement. On vous voit venir: la poisse, des soucis techniques?
Mais oui, il y a des explications. Et il y a aussi eu de très bonnes courses, c'est cela que je veux retenir de 2008.
Mais ce n'est pas suffisant pour ceux qui paient, pour les fans qui vous soutiennent...
Je sais. Et ce n'est pas plus suffisant pour moi. Mais ce métier est tellement complexe.
Complexe pour tout le monde. Et Tom Lüthi commet plus de fautes que les autres, c'est simple...
Ma principale faute, je l'ai commise en début de saison. Je venais de gagner la répétition générale du championnat, à Jerez de la Frontera, et j'étais sûr de jouer la gagne au Qatar. Mais j'ai été pénalisé pour un départ volé.
Et cela a suffi pour vous casser? On vous a connu plus fort, sur le plan psychologique...
Je me suis posé trop de questions. Quand on joue dans un milieu où le moindre écart peut avoir de graves conséquences, on commence à se dire: «Mais que va-t-il se passer cette fois?»
On prend note: vous avez été faible sur le plan psychologique. Physiquement, ce n'est pas mieux: une clavicule fracturée, un pouce en partie arraché, des soucis aux avant-bras et à une épaule, vous ne pensez jamais à votre corps?
Mais j'y pense tous les jours, puisque je vis! Et je ne veux plus connaître de tels instants.
Facile à dire...
La chute fait partie de notre métier, il faut faire avec. Mais, cette année, je me suis posé une autre question: pourquoi, chaque fois que je me mets par terre, je me blesse plus ou moins sérieusement, alors que les autres se relèvent immédiatement.
Et la réponse?
Je veux l'apporter cet hiver, en modifiant mon mode d'entraînement. Je veux renforcer le haut de mon corps, mes épaules; et pour cela il n'y a qu'un moyen: de la moto à outrance, dans le terrain. Et comme ce n'est pas possible en Suisse, je vais passer un mois en Californie.
Pour vous transformer en Mister Muscles?
Pour que mes épaules prennent du volume.
Belle leçon de choses. Mais avouez que vous êtes fou d'insister...
Je ne suis pas fou. A moins que vous estimiez que tous ceux qui pratiquent des sports extrêmes le sont.
Jamais peur? A Indianapolis, vous avez frôlé le code, non?
Oui, et je suis content de m'en être sorti aussi bien.
Alors que là, c'était franchement de votre faute...
Je le sais, et j'ai été puni.
Ah bon, on vous a tapé sur les doigts?
Non, j'ai été contraint de déclarer forfait aux deux GP suivants. Et ce fut la pire des punitions. Je me suis réveillé au milieu de la nuit pour regarder les essais à la télévision, j'ai tenu quelques minutes et je suis retourné dormir, tellement cela m'énervait.
Donnez-nous une seule raison de croire encore en vous?
L'an prochain (les contrats ont été prolongés hier), je disposerai du meilleur matériel Aprilia, d'une très bonne équipe et je me serai préparé comme jamais. C'est suffisant?
Yes Tom, faut y croire..................