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GP D'AUSTRALIE

Lüthi : le loup est entré dans la bergerie


Image © Keystone
Thomas Lüthi (à g.) doit désormais partager les connaissances de son chef technicien, Mauro Noccioli

L'Italien Mattia Pasini devient «l'équipier» de Thomas Lüthi. Histoire de titiller la fierté d'un Suisse toujours en crise
Jean-Claude Schertenleib - le 16 octobre 2009, 22h51
Le Matin



C'était une jolie et confortable bergerie, dans le cadre bucolique de son Emmental natal. Il y avait papa, maman, ses soeurs. Et même Igor, le copain de toujours, et Stefan, le futur beau-frère
La trop belle histoire
Thomas Lüthi était bien. Bien dans sa peau, bien dans ses rêves. Bien dans son corps. Bien dans son histoire: un gamin né à la ferme, devenu champion du monde; et puis la découverte de l'amour, avec la jolie Fabienne Kropf, Les paillettes, les petits-fours, le costume de soirée, les sourires forcés. Il était bien dans sa bergerie, notre Thomas Lüthi; si bien qu'il s'est habitué à ce confort de vivre. Ceux qui, dans son entourage, osaient lui conseiller d'en faire un peu plus ont été priés d'aller exiger ailleurs. C'était tout pour Tom: la meilleure moto, le meilleur technicien, le meilleur statut. C'était surtout trop. Et quand Daniel-M. Epp, son mentor, son patron, a compris que son protégé l'était beaucoup trop, protégé, la crise était là. Profonde. Toujours plus compliquée, parce que les blessures se sont accumulées, les désillusions aussi.

Deux podiums en trois ans
Tom favori au titre 250 cm3? Tu parles. Deux podiums pour 44 départs dans la catégorie, deux fois le champagne en trois ans. Trop peu.
Alors, Tom s'est refermé. Parce qu'il a compris, le premier de tous, qu'il n'était plus que l'ombre de lui-même, sans pour autant trouver les clés qui lui permettront de quitter la crise, de rejoindre le monde du succès. Après un hiver de dur labeur, il s'est présenté ce printemps plus en forme que jamais sur le plan purement physique (ses bonnes fins de courses actuelles prouvent que, sur ce plan-là, il est dans le juste). Mais la gêne était toujours là: cette fameuse dernière seconde qui manque, celle qui fait toute la différence entre un exploit et une performance moyenne; entre un champion et un animateur anonyme des pelotons.
Préparation psychique? «Oui, je fais quelque chose...» mais il n'en dira pas plus. «Le temps, j'ai besoin de temps pour sortir définitivement de la crise», racontait-il il y a deux semaines, au Portugal.
Le loup est entré
Mais le temps, c'est l'ennemi par excellence du pilote de vitesse. Alors, pour provoquer le déclic, Daniel-M. Epp et son chef technicien, Mauro Noccioli, ont accepté d'aider jusqu'à la fin de la saison l'Italien Mattia Pasini (le team dont il défendait les couleurs depuis le début de la saison ne payait plus ses factures à Aprilia), faisant ainsi entrer le loup dans la bergerie.
Hier, on attendait donc la réaction du mouton qui se trouve tout à coup face aux crocs d'un plus gourmand que lui: on n'a rien vu. Si ce n'est un piètre quatorzième chrono provisoire. Attention à ne pas être dévoré, brave mouton.



LES CHRONOS
GP D'AUSTRALIE. PHILLIP ISLAND. ESSAIS LIBRES.
125 cm3 1. P. Espargaró (Esp), Derbi, 1'38''435 (162,673 km/h). 2. Smith (GB), Aprilia, à 0''255. 3. Teról (Esp), Aprilia, à 0''282. 4. Simón (Esp), Aprilia, à 0''381. 5. Marquez (Esp), KTM, à 0''622. 6. Cortese (All), Derbi, à 0''646. Puis: 13. Krummenacher (S), Aprilia, à 1''409. 24. Aegerter (S), Derbi, à 3''046. 35 pilotes en lice.
250 cm3 1. Barberá (Esp), Aprilia, 1'34''338 (169,738 km/h). 2. De Rosa (It), Honda, à 0''573. 3. Cluzel (Fr), Aprilia, à 0''589. 4. Di Meglio (Fr), Aprilia, à 0''675. 5. Faubel (Esp), Honda, à 0''747. 6. Pasini (It), Aprilia, à 0''781. Puis: 14. Lüthi (S), Aprilia, à 1''664. 24. Chesaux (S), Aprilia, à 5''440. 24 pilotes en lice.
MotoGP 1. Rossi (It), Yamaha, 1'31''032 (175,902 km/h). 2. Stoner (Aus), Ducati, à 0''135. 3. Pedrosa (Esp), Honda, à 0''496. 4. De Angelis (St-Marin), Honda, à 0''754. 5. Edwards (EU), Yamaha, à 0''814. 6. Lorenzo (Esp), Yamaha, à 1''045. 17 pilotes en lice.