L’an dernier au Mans *
* : Tiré du "WebBook de la Saison 2005", téléchargeable ici: http://webbook.forum-motogp.com
Si au Sud on regrette toujours le circuit du Castellet, ça n’a plus l’air d’être le cas dans le reste de l’Hexagone. Désormais bien ancrée dans les mœurs motardes, la tenue du Grand Prix de France au Mans draine en effet ces dernières années chaque fois plus de spectateurs. Mais il est deux autres éléments dont il faut tenir compte dans la réussite de cette édition 2005. Petite devinette : Mon premier est un nom composé de 2 lettres, mon second est un chiffre composé de 2 numéros et mon tout était affiché sur des milliers de drapeaux et représente 2 champions du monde qui occupent une place particulière dans le cœur du public français. Vous ne trouvez pas ? Vous ne diriez pas non à quelques indices supplémentaires ? Très bien. Le premier reste sur une performance surprenante en Chine et a vu sa côte de popularité remonter à son apogée tandis que le second, lui, n’en finit plus avec les performances surprenantes depuis plusieurs années. Quoi ? « OJ » et « 46 » ? Merci, je commençais à me demander si vous alliez trouver.
Durant les essais, le « 46 » n’a pas laissé planer le doute longtemps. Il a réalisé la pole devant son coéquipier Edwards et même si Elias et Xaus de Tech3 ont eu plus de mal en signant respectivement le 12ème et le 16ème temps de la grille, les deux officiels Yamaha Gauloises ont démontré une nouvelle fois que le circuit manceau réussit toujours à la marque au diapason. La première ligne est complétée par Melandri qui a devancé son coéquipier de deux petits millièmes de seconde. 13ème, OJ espère faire une bonne course, d’autant plus qu’il n’a tourné qu’à un peu plus d’une seconde de la pole.
En 250, le Champion en titre Dani Pedrosa a réaffirmé son engouement pour le circuit français en signant la pole avec quasiment plus d’une demie seconde d’avance sur son second, Casey Stoner. Troisième à 2 petits millièmes seulement, Lorenzo nourrit de grandes ambitions et précède Porto qui n’a pas réussi à descendre sous les 1’38 au cours des 2 séances qualificatives. Le public aura ses yeux rivés sur la seconde ligne, d’où s’élancera Randy De Puniet, qui espère que la malchance va enfin le lâcher cette saison.
Dans la catégorie inférieure, c’est le jeune Suisse Thomas Lüthi qui partira premier, devant Kallio, Faubel et Talmacsi. Mike Di Meglio et Alexis Masbou, les 2 meilleurs représentants français, ne sont pas loin des meilleurs en 3ème ligne.
Course MotoGP : Un podium bien plus bleu que le ciel.
Sur la grille, les pilotes scrutent le ciel avec une certaine angoisse. Ce dernier est parsemé de gros nuages et la pluie semble imminente.
Contrairement à tous, Olivier Jacque a l’air ravi de le voir s’assombrir et on ne peut que le comprendre. Lui qui pensait quelques semaines auparavant venir au Mans en simple spectateur n’aurait jamais imaginé y arriver en tant que chouchou du public. Tout le monde ayant salué sa performance en Chine, OJ sait pourtant que la tâche ne va pas être aisée sur le circuit manceau. Un de ses anciens adversaires, le pilote Honda Repsol Max Biaggi se fait lui aussi du soucis avant le départ. Qualifié sur la troisième ligne, il vient de chuter très lourdement lors du Warm Up et n’est pas en top forme.
Alors que les Officiels annoncent « Course mouillée », tous les pilotes partent équipés en pneus slicks. Tous sauf un plus exactement : Hopkins. Victime de problèmes mécaniques lors du tour de chauffe, il n’a pas pu se présenter sur la grille lors du départ.
Hayden bondit de la seconde ligne et mène un court instant mais son compatriote Edwards le passe à l’extérieur et rentre en tête dans la chicane. Checa et Rolfo s’y percutent et finissent dans les graviers. Rolfo peut repartir mais malheureusement pas Checa. Quelques instants après, Byrne chute violemment mais la santé du robuste Anglais n’est pas en danger. Entre-temps, Hopkins a pu rejoindre son stand et a sauté sur sa seconde moto, le couteau entre les dents, espérant pouvoir grignoter quelques points.
En tête, Colin Edwards est impressionnant d’aisance et précède Hayden et Capirossi au premier passage sur la ligne. Rossi est sixième et bute deux tours durant sur Melandri et Nakano avant de les passer dans un style très agressif, alors que le trio de tête est en train de s’échapper. Lancé dans son exercice préféré, le champion italien met seulement 2 tours avant de revenir dans la roue du pilote Ducati et le passe dans la 6ème boucle.
Derrière, Gibernau paie cher une erreur dans la chicane alors qu’il essayait de doubler l’officiel Kawasaki Nakano et accuse un retard de 5 secondes environ au 7ème tour. Touché à l’orgueil, le pilote Honda Movistar se reconcentre et aligne alors les tours dans des temps inférieurs à ceux des leaders. Barros, Nakano, Melandri et Capirossi se font doubler chacun leur tour par le vainqueur 2003 et 2004 qui n’a qu’un seul objectif en tête : faire le « hat trick ».
Il rejoint Hayden peu après la mi-course et ne laisse aucune chance au pilote américain qui ne parvient pas à suivre le rythme très élevé du Catalan. Seul en piste à tourner en 1’33, il ne met pas longtemps à avoir les 2 Yamaha bleues dans sa vue. Panneauté de la remontée de son rival, Rossi s’empresse de dépasser son coéquipier à l’arrière du circuit mais se rate au freinage suivant et Edwards reprend son bien. Gibernau n’en demandait pas tant et profite également de l’erreur du numéro 46 pour passer second. L’Italien comprend alors que s’il ne redouble pas aussi vite que possible l’Espagnol, alors ce dernier ne fera qu’une bouchée d’Edwards et il sera difficile de jouer la gagne. Aussitôt réfléchi, aussitôt appliqué. Rossi passe Gibernau et recolle son coéquipier avant de le doubler quelques virages plus loin. Connaissant la tactique de l’Italien, Gibernau double à son tour le Texan et se met dans la roue du nouveau leader.
Pneu arrière plus très frais, Edwards perd alors du temps sur les leaders et lâche définitivement prise à quelques tours de l’arrivée.
Pour une fois, c’est Gibernau qui suit Rossi et il espère lui bien montrer quil est plus facile de gagner quand on est second. Mais malheureusement pour le pilote Honda Movistar chaussé en medium à l’arrière, l’Italien a choisi une gomme plus dure et a donc de la réserve à l’entame du dernier tour. Fermant la porte et retardant ses freinages au maximum, Rossi passe la ligne en vainqueur et bat même le record du tour.
Edwards monte sur son premier podium au guidon de la Yamaha tandis que Marco Melandri continue son excellent début de saison en terminant 4ème, juste devant Biaggi.
Hayden a raté sa fin de course et accuse un retard de plus de 20 secondes à l’arrivée mais parvient à devancer Capirossi pour la 6ème place. Derrière eux on trouve Nakano, Elias, Bayliss et OJ, 11ème. Le pilote tricolore a lutté durant tout la course avec l’Australien et aura perdu en moyenne 2 secondes au tour sur les meilleurs. La suite au Mugello ?
Course 250 : Randy rapide mais Dani meilleur tacticien.
Quelle course ! 26 tours de pur plaisir !
Bien sûr, au final, le numéro 1 Dani Pedrosa s’impose et reprend la tête du Championnat. Bien sûr les 3 premiers finissent avec une poignée de secondes d’avance sur le 4ème. Bien sûr on peut toujours faire mieux. Mais là, la barre a été placée très haute et si depuis quelques années la catégorie 250 était en quelque sorte en perte de vitesse, désormais, ce n’est plus le cas !
Dépassements innombrables, multiples changements de leaders, abandons, record du tour battu plusieurs fois et un suspense durant la totalité de la course auront été les différents ingrédients de ce met « à la française », dégusté à l’heure du repas.
Dani Pedrosa a gagné en 125 il y a 2 ans et en 250 l’an dernier. Il détient le record du tour en course (1’38.202) et a survolé les essais (1’37.391). Pourtant, en rejoignant sa place sur la grille après le tour de chauffe, Dani avait une appréhension : qu’il se mette à pleuvoir. Car jusqu’à présent, tout grand champion qu’il est, il n’a jamais fait des merveilles sous la pluie et preuve en a encore été au Grand Prix de Chine, 7 jours auparavant. Son angoisse est des plus justifiées vu que le départ est donné alors que des nuages menaçants sillonnent le ciel de la Sarthe et que la température est très basse (13°C).
Arrivé encore en tête à la chicane, le Champion en titre se fait passer à la sortie par Andrea Dovizioso et se fait presser par Casey Stoner et Randy De Puniet. Ce dernier se fait une grosse chaleur au virage du Raccordement mais tient son rang de 4ème, juste devant son coéquipier Porto. Les 5 s’échappent en début de course mais comme aucun d’entre eux n’est capable de prendre le large, ils passent leur temps à se doubler et se font rattraper dans la 7ème boucle par Lorenzo et De Angelis qui tournaient plus rapidement que les leaders depuis quelques tours.
De Angelis n’aura malheureusement pas l’occasion de se mêler à la lutte pour la victoire car au 8ème tour, il chute de l’arrière en pleine réaccélération et ne peut repartir. Son compagnon de remontée a lui la chance de rester sur ses roues et remonte un à un ses adversaires et occupe la seconde place à la mi-course, juste derrière Randy De Puniet qui vient de passer Stoner à l’entrée de la chicane du 13ème tour.
Aspar Martinez, Team Manager d’Aprilia Repsol, ne gardera le sourire qu’un court instant car Porto, alors 5ème à une seconde de son coéquipier, doit abandonner, moteur cassé. Puis quelques virages plus loin, Randy commet une légère erreur à la réaccélération et Lorenzo manque de venir le percuter. Le jeune et bouillant Espagnol trouve l’ouverture 2 tours plus tard au virage du Garage Vert et permet au peloton de se reformer. Tout s’accélère alors. Randy reprend son bien dans la 17ème boucle de course, puis Dani se met à hausser son rythme et passe coup sur coup Stoner puis Lorenzo. Trop large à la Chapelle lors du passage suivant, Randy élargit et Dani s’insère à l’intérieur pour prendre le commandement. A l’issue de ce 19ème tour, il devient le premier pilote 250 à passer sous la barre des 1’38 en course. Randy dans sa roue, les autres ne peuvent pas suivre et se font distancer. Rapide et régulier, Pedrosa se forge mètre après mètre une avance qui paraît définitive à seulement quelques tours de l’arrivée. Mais Randy est un battant et il parvient à recoller à Dani à 2 tours de l’arrivée, record du tour à la clé (1’37.594). Il passe le numéro 1 dans la foulée et aborde le dernier tour en tête devant une foule conquise par le Parisien. Mais à avoir trop tapé dans ses pneus, Randy se fait une dernière chaleur à quelques virages de l’arrivée et l’Espagnol en profite. Trop tard. Il s’en veut à son passage sur la ligne mais sait qu’il vient tout de même de marquer des points importants. Dovizioso finit troisième non loin des leaders tandis que Stoner et Lorenzo étaient déjà bien distancés.
Sylvain Guintoli se fait lui aussi passer dans le dernier tour par un Espagnol et termine 9ème, second des privés.
Course 125 : Lüthi, un Suisse bien à l’heure.
25ème du Championnat 125 2004 au terme d’une saison remplie de désillusions, Thomas Lüthi a attaqué la campagne 2005 avec un moral regonflé à bloc. Repassé sur une Honda client alors qu’il avait bénéficié d’une machine d’usine l’année précédente, le jeune Suisse de 18 ans sait qu’il peut compter sur une équipe soudée et composée d’experts. Son chef mécanicien, Sepp Schlögl, le Team Manager Daniel Epp et l’ancien pilote devenu conseiller, Andy Ibbott, sont les 3 hommes qui l’entourent et qui comptent bien l’emmener au plus vite à la victoire. Après un abandon lors l’ouverture de la saison suite à un problème mécanique alors qu’il se battait avec Simoncelli pour la victoire, Lüthi a enchaîné deux courses solides qui l’ont vu terminer 3ème au Portugal et 4ème en Chine. Son clan savait que la victoire était toute proche et il ne leur aura pas fallu attendre longtemps. En effet en France, le Bernois n’a laissé aucune chance à ses concurrents et a réussi à faire ce qui paraît impossible en 125 : s’échapper et gagner en solitaire.
Parti en pole, il se bat avec Lai, Kallio, Di Meglio et Talmacsi lors des 2 premiers tours mais commence à creuser un écart à partir du 3ème tour. Enchaînant ensuite plusieurs meilleurs tours d’affilée, il compte à la mi-course plus de 6 secondes d’avance sur un groupe de poursuivants composé de 4 pilotes : Kallio, Di Meglio, Talmacsi et Simoncelli, fraîchement remonté sur les 3 autres. Faubel a longtemps fait parti de ce groupe mais a dû abandonner dans la 8ème boucle sur problème mécanique. Bataillant âprement, le Français Mike Di Meglio ravit le public qui n’a d’yeux que pour lui d’autant plus qu’il répond du tac au tac aux attaques de ses concurrents.
Pourtant, et malgré bien des tentatives, ce n’est aucun de ces pilotes qui arrachera la seconde place finale 12 tours plus loin. Sergio Gadea, parti de la 10ème place et ayant occupé un temps la 11ème place, a régulièrement tourné plus vite que le leader et a réussi à rejoindre ses 4 prédécesseurs au 16ème tour. Fort de son rythme bien plus élevé, l’Espagnol n’a mis que 3 tours pour mener le groupe de chasse et seul Kallio réussira à rester dans sa roue jusqu’à l’arrivée.
Mike Di Meglio termine 4ème devant Simoncelli et Talmacsi mais s’en veut un peu d’avoir laissé l’Italien le gêner dans les derniers tours.
Tom Lüthi fête avec enthousiasme la première victoire de sa carrière et réussit la bonne opération du week-end en faisant un bond au classement pour venir talonner le leader, Mika Kallio.
Mattia Pasini, vainqueur en Chine, était obligé de suivre la course du bord de piste suite à une fracture du poignet contractée durant les essais. L’abandon de Lai et le fait que Kallio et Simoncelli n’aient pas pu frapper un grand coup au Championnat ont permis au pilote Aprilia de garder le sourire, d’autant plus qu’il sera présent en Italie, pour jouer la gagne devant son public.
– FenneK –