L’an dernier à Laguna Seca *
* : Tiré du "WebBook de la Saison 2005", téléchargeable ici: http://webbook.forum-motogp.com
A la sortie du calendrier des GP 1995, les fans ont remarqué que le Grand Prix des Etats-Unis était absent.
Se tenant depuis des années sur le tracé de Laguna Seca, le spectacle y était toujours très impressionnant.
Trop ?
Dommage, le tracé est certes court, mais il est unique. Du sable autour de la piste, des montées et des descentes à en donner le tournis, une épingle aveugle et en dévers de surcroît : le très célèbre «Corkscrew» (tire-bouchon en Français).
Avec l’arrivée des premières MotoGP en 2002, les fans Américains ont vite émis leur souhait de voir revenir les GP dans leur pays afin de voir tourner ces monstres de plus de 200 chevaux. Mais si les Etats-Unis ont beaucoup de circuits à disposition, peu sont ceux qui sont capables d’accueillir les infrastructures et toute la logistique d’un paddock moderne de Grand Prix. Et surtout, peu sont ceux qui rentrent dans les normes de sécurité actuelles.
Même Laguna Seca qui accueillait pourtant les GP à la fin des années 80 et au début des années 90 et qui organise chaque année une manche du World Superbike n’était plus aux normes.
Alors pour voir revenir le GP des Etats-Unis au calendrier, il fallait faire des concessions, des tractations, des «deals». Une affaire bien américaine en sorte. Et ça a marché. Annoncé l’an dernier, le Grand Prix des Etats-Unis a bien lieu cette saison et malgré de nombreuses candidatures, le «petit» monde des GP revient à Laguna Seca. Mais en comité restreint.
En effet, seule la course MotoGP est au programme du week-end. Les 125 et les 250 sont passées à la trappe. Pourquoi ?
On parle de problèmes de sécurité, d’un nombre de pilotes trop important, du fait que le Championnat Américain de Superbike se court en même temps que le Grand Prix et que donc il aurait été impossible de caser toutes les catégories… En fait sait-on vraiment pourquoi au final les 125 et les 250 ne courent pas ce week-end ? Rien n’est moins sûr…
Ce qui l’est par contre, c’est que plusieurs pilotes MotoGP ont trouvé le circuit très dangereux lors de leur arrivée. Car peu le connaissaient vraiment. Barros y a couru en 500, Bayliss, Edwards et Xaus y ont couru et gagné chacun une manche en World Superbike, Roberts Junior, Hopkins et Hayden en championnat national et finalement Biaggi (2nd en 94), Checa et Capirossi (vainqueur en 93) en 250.
Les 11 pilotes restants ne connaissent Laguna Seca que par le biais de courses vues à la télé ou sur consoles
de jeu.
Course MotoGP : «Nicky Parfait»
Lors des interviews d’après course, Nicky Hayden déclare ne plus trop savoir quoi dire si ce n’est qu’un rêve vient de s’exaucer. Tant pis si le jeune Américain ne trouve pas les mots justes, nous allons le faire pour lui.
Parfait, Nicky Hayden l’a été tout au long du week-end !
Et ses résultats en attestent : second, premier, premier, premier, premier et encore premier. Hormis la première
séance d’essais libres qu’il termine 92 millièmes derrière Troy Bayliss et le record du tour en course qu’il laisse échapper à Colin Edwards pour… 69 millièmes, le numéro 69 a dominé de main de maître ce «Red Bull US GP».
Après une première saison studieuse en 2003 aux côtés de Valentino Rossi au sein du team officiel Honda Repsol, Nicky tombe trop souvent en 2004 et termine la saison en 8ème place alors qu’il avait fini 5ème un an auparavant.
3ème année consécutive au HRC, le jeune «futur Champion du Monde» comme on l’annonçait fin 2002, connaît un début de championnat assez morne. La venue du monde des GP chez lui aux Etats-Unis est donc une formidable manière pour lui de relancer sa carrière et s’assurer une bonne place l’an prochain. Il est en effet question dans le Paddock de l’envoyer en World Superbike pour 2006 ou alors l’intégrer dans un team satellite Honda afin de laisser une place pour Dani Pedrosa aux côtés de Biaggi chez Honda Repsol. Peut-être que sur un autre circuit, la domination américaine aurait été différente, mais sur le difficile tracé de Californie, beaucoup de pilotes se sont
plaints du manque de sécurité et ont mis du temps à se mettre dans le rythme. Rossi et Melandri ont critiqué
ouvertement le circuit et provoqué la colère de Roberts Senior qui leur demandera de ne pas confondre «difficulté avec dangerosité». Rainey répond plus pacifiquement par une allusion au tracé du Mugello qui comporte une zone à très haut risque notée dans les rapports de sécurité depuis des années et les deux leaders du Championnat ne savent que répondre.
En grand champion, le pilote Yamaha qui a abandonné le bleu Gauloises pour le jaune Yamaha USA (pour le cinquantenaire de la marque) se met vite au travail. S’il sait qu’il lui sera difficile de gagner pour la sixième fois de suite, il compte bien préparer au mieux la course de la saison prochaine. Car Valentino ne voit pas qu’à court
terme, et c’est sa force. Il réussit à accrocher la seconde place sur la grille de départ mais ne passe pas la barre
des 1.23 que seul Hayden franchira. Des 2 premières lignes, Rossi est d’ailleurs le seul pilote à n’avoir jamais
couru en Californie.
Dimanche après-midi, sous un soleil radieux et des tribunes bondées, le Kid du Kentucky réalise un départ parfait
et commence à creuser l’écart en quelques virages sur Valentino Rossi qui s’applique et Troy Bayliss qui a plus de mal à retrouver le feeling des essais. Dans le dernier virage, Marco Melandri perd l’avant sur une bosse et sa Honda va percuter Alex Barros qui avait raté son départ et pointait 9ème à l’intermédiaire.
Au passage sur la ligne le numéro 69 a plus d’une seconde d’avance sur Rossi et reste l’homme le plus rapide en
piste les 3 tours suivants. L’Italien s’accroche tant bien que mal mais accuse presque 2 secondes au 4ème passage.
Derrière lui, Bayliss perd de plus en plus de places et se retrouve 6ème au 5ème tour, passé par le Texan
Edwards (record du tour à la clé), Gibernau et Biaggi. Checa et Hopkins sont juste derrière et démontrent que
les Bridgestone ont l’air performants sur ce circuit.
En tête, Hayden tourne comme une horloge en 1.24 et Rossi lâche prise passage après passage sur la ligne.
Son coéquipier le rattrape d’ailleurs et étudie ses trajectoires afin d’éviter l’impensable dans une tentative de
dépassement. Biaggi quant à lui a passé Gibernau pour la 4ème place au 10ème tour mais tous deux accusent
un retard de plus de 3 secondes sur les deux Yamaha jaunes.
A mi-course le leader compte toujours plus de 2 secondes et demie d’avance sur ses poursuivants mais au
terme d’un magnifique dépassement dans le Corkscrew, c’est maintenant Edwards qui mène la charge. Libéré
de son coéquipier, la «Tornade Texane» tourne de plus en plus vite mais son compatriote n’entend pas se faire
rattraper et redonne un coup de collier afin de maintenir un écart d’environ 2 secondes. Idem pour le numéro 46
qui essaie de suivre son coéquipier afin de ne pas se faire rejoindre par ses deux rivaux au championnat Biaggi
et Gibernau.
Les places en tête ne changeront plus jusqu’au drapeau à damier et le Héros du jour part dans deux tours
d’honneur de folie dont un avec son père à l’arrière de la RCV !
Va-t-il enfin être débloqué et devenir le grand champion que beaucoup d’Américains attendent ? La saison est
encore longue pour le savoir…
– FenneK –
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