Luthi et ses compatriotes

[Norton]

Moto
Jerez: Thomas Lüthi maudit

Image © Keystone

Le Bernois a connu l'élimination pour la sixième fois en sept participations à ce Grand Prix d'Espagne.

Jerez est bien un circuit maudit pour Thomas Lüthi. Il a été victime d'une cabriole spectaculaire à quatre tours de la fin, alors qu'il était à la lutte avec le Finlandais Mika Kallio, futur vainqueur de la course des 250 cm3.

- le 30 mars 2008, 13h24
Le Matin Online & les agences



Le Bernois a connu l'élimination pour la sixième fois en sept participations à ce Grand Prix d'Espagne.

Parti de la première ligne sur la grille de départ, Lüthi s'est d'emblée porté en 2e position au guidon de son Aprilia. Il a ensuite paru mener une course d'attente, se laissant peu à peu glisser jusqu'en 7e position, mais jamais loin du 3e. Le Bernois a ensuite amorcé une belle remontée, matérialisée par une bataille fantastique avec Mika Kallio (KTM) pour la 3e place, derrière l'Espagnol Alvaro Bautista et l'Italien Marco Simoncelli qui menaient à ce moment-là.
A quatre tours de la fin, alors que la lutte faisait rage, la roue avant de la moto de Lüthi s'est dérobée, entraînant le Bernois dans une folle cabriole, sa tête heurtant le bitume au terme de plusieurs tonneaux. Plus de peur que de mal apparemment pour Lüthi, qui s'est relevé quasi immédiatement pour frapper du poing sur la piste. Il y avait de quoi, car il a laissé échapper dans l'aventure un premier podium dans la catégorie, et peut-être même une première victoire. En effet, dans le dernier tour, Simoncelli, trop hardi, éperonnait la moto de Bautista de l'arrière, laissant Kallio, qui n'en demandait pas tant, s'emparer d'une première place inespérée. Le Finlandais a précédé l'Italien Mattia Pasini, vainqueur du premier Grand Prix de la saison au Qatar, et le Japonais Yuki Takahashi.

[Norton]

GP DU PORTUGAL
Tom Lüthi, autopsie d'un malaise

Image © Stan Perec

Tom Lüthi a raté son début de saison, mais il ne s'inquiète pas et continue à travailler pour être avec les meilleurs

250 cm3: ça va toujours plus vite. La moindre erreur se paie cash. Deux courses, un seul point, une première journée difficile au Portugal (9e temps), Tom Lüthi ne joue pas le rôle dominateur qu'il attendait. Pas encore?

Jean-Claude Schertenleib - le 11 avril 2008, 22h14
Le Matin

1 Thomas Lüthi doit-il «surpiloter» (erreur au départ au Qatar, chute à quatre tours du terme, à Jerez) pour rester au niveau des meilleurs?
«Bien sûr, lance son patron, Daniel-M. Epp. Mais tous les pilotes qui veulent s'imposer dans la catégorie sont en permanence sur le fil du rasoir. Tom n'est donc pas une exception.» Précision d'importance: alors que la piste d'Estoril est restée humide une bonne partie de la journée, hier, les pilotes 250 sont les seuls à s'être approchés (9 dixièmes) de leur record absolu.
2 Face à l'armada hispano-italien, Lüthi est-il moins bien traité par Aprilia que ses principaux adversaires?
Non. Hier, la meilleure vitesse de pointe de la catégorie (274 km/h) a été réalisée par la moto numéro 12. Et le chef technicien de Tom, Mauro Noccioli, est l'un des trois meilleurs de la marque.
3 Tom souffre-t-il encore de sa cabriole de Jerez de la Frontera?
Pas vraiment: «Je sens un peu le bas de mon dos, mais cela ne me gêne pas pour piloter. En revenant d'Andalousie, je n'ai pas eu besoin d'aller chez mon médecin, j'ai juste reçu quelques séances supplémentaires de massage», explique Lüthi.
4 Deux courses, un seul point, la pression est-elle déjà trop importante?
«Il est encore beaucoup trop tôt pour parler du championnat du monde. Si je me promenais, loin des meilleurs, je me poserais des questions; mais ce n'est pas le cas. A Jerez, j'étais dans le rythme pour le podium, donc pas de soucis. Maintenant, en regard du début de saison raté, faut-il rouler avec de la réserve? Là, je réponds clairement non. Dans ce métier, à moins d'être dans la course décisive pour le titre, on ne peut pas assurer; mais je ne dis pas pour autant qu'il faut fermer les yeux et ignorer les autres.»
5 Le team de Daniel-M. Epp (trois pilotes) est-il devenu trop grand?
Oui. Tom, de par son caractère qui ressemble à ses origines - simples, proches de la terre - n'est jamais aussi à l'aise que lorsqu'il est seul.

[Norton]

GP DU PORTUGAL
Tom et Roger faits pour s'entendre

Image © Keystone
Auteur d'une course de toute beauté, Thomas Lüthi (à dr.) a été vivement félicité par Roger Federer (à g.), sous les yeux de Mirka Vavrinec (au centre)

La machine Lüthi est en marche: quatrième sous les yeux de Federer, le Bernois retrouve le sourire. Côté cour, Thomas Lüthi, qui joue déjà très gros après un début de saison raté. Côté jardin, Roger Federer, qui entamera demain son tournoi d'Estoril. Clins d'oeil croisés sur la journée des deux sportifs suisses les plus populaires

Jean-Claude Schertenleib - le 13 avril 2008, 22h48
Le Matin


9h30 Le pilote réfléchit, la star fait son entrée. La pluie, redoutée, s'est réveillée avant les pilotes. Pour le warm-up matinal, cette séance d'essais libres qui précède la course, les conditions sont scabreuses. La course, prévue deux heures plus tard, va-t-elle se transformer en loterie? Sera-ce, comme ce fut déjà le cas quelques fois sur ce circuit d'Estoril, à celui qui prendra le plus de risques... et qui restera sur ses roues? Thomas Lüthi réfléchit, se concentre; il aimerait tant, Tom, être déjà plus vieux de 120 minutes, pour mieux cerner les conditions d'adhérence qui lui seront proposées. Roger Federer, lui, fait son entrée dans le paddock, précédé d'une dizaine de caméras, et accompagné de sa compagne Mirka Vavrinec: quand on est roi, on doit être accueilli comme tel.
10h Petit-déjeuner pour Federer, assiette de pâtes pour Lüthi. Dans l'hospitality du team Emmi-Caffè Latte, les deux hommes se sont assis côte à côte quelques instants, histoire d'être arrosés de centaines d'éclairs de flashes. Déjà, Tom s'est levé, s'est excusé, a disparu dans les entrailles du camion restaurant: c'est l'heure, pour lui, de l'assiette de pâtes qui précède chaque course.
10h30 Tom est seul au monde, Roger va serrer la main à un autre roi. «Bien sûr qu'il s'est passé beaucoup de choses aujourd'hui, mais malgré le cirque médiatique qu'a provoqué l'arrivée de Federer, j'ai pu me préparer comme d'habitude», concédera Lüthi après sa brillante course. Sa préparation? Il s'est enfermé dans une bulle, son baladeur sur les oreilles, le dernier CD de Linkin Park, son groupe de rock préféré, joué à fond. Au même moment, Roger Federer faisait une petite infidélité à son compatriote, lui qui tenait à serrer la main d'un autre roi, Valentino Rossi.
11h10 Regard fixe et sourire rayonnant. Nous voilà sur la grille de départ. A l'extrémité de la deuxième ligne... où il y a beaucoup plus de monde qu'aux avant-postes. Diable, le roi du tennis est là, qui sourit. A ses côtés, casqué, prêt pour la bagarre, Thomas Lüthi regarde droit devant lui. Vers ce premier virage où tout, peut-être, va se jouer.
11h16 «Quiet, please»! Federer s'est installé sur le poste de signalisation de celui qui aimerait tant redevenir numéro un en moto. Habitué aux «quiet please» des courts, il découvre la réalité bruyante d'un départ de GP. Réussi, le départ de Tom, qui va pourtant se faire piéger dans les deux premiers virages. «Des traces d'humidité étaient encore présentes sur ce qui était ma trajectoire idéale, d'où je partais. J'ai donc dû dévier quelque peu et je me suis retrouvé enfermé dans le peloton», raconte Tom. Au premier passage sur la ligne, il n'est que onzième. Un peu comme s'il venait de perdre d'emblée son premier jeu de service.
11h42 Contre-break et applaudissements. Cela fait plusieurs tours que Lüthi est l'homme le plus rapide en piste. En une seule ronde, il va maintenant surprendre trois adversaires directs, pour se retrouver quatrième et s'offrir immédiatement quelques mètres d'avance. Dans le stand, Maître Roger a apprécié ce parfait contre-break: il applaudit, s'enthousiasme.
12h Sauts de joie et analyse. Quatrième, Tom est accueilli comme un vainqueur: «J'espère que, pour moi, c'est le vrai championnat qui commence aujourd'hui. Les candidats aux places d'honneur sont toujours plus nombreux; alors oui, je suis certain qu'on va encore bien s'amuser ces prochains mois.»
Roger Federer, qui découvrait un monde nouveau, n'a pas mis longtemps à tout comprendre: «Cette ambiance, c'était incroyable: la pression était latente, tout le monde était très nerveux autour de Tom. Et puis, quand il a passé la ligne, ce fut la libération totale, un moment vraiment fort; un bon résultat, pas d'accident, Tom a parfaitement géré son affaire.»
Et Roger, porte-bonheur d'un jour, reviendra-t-il?
CLASSEMENTS
Estoril. Grand Prix du Portugal.
125 cm3 (23 tours de 4,182 km=96,186 km): 1. Corsi (It), Aprilia, 40'56''168 (140,979 km/h). 2. Olive (Esp), Derbi, à 0''299. 3. Terol (Esp), Aprilia, à 6''355. 4. Bonsey (EU), Aprilia, à 14''973. 5. Webb (GB), Aprilia, à 15''532. 6. Talmacsi (Hon), Aprilia, à 15''868. Puis: 12. Aegerter (S), Derbi, à 27''544. Meilleur tour: Corsi (10e) en 1'45''557 (142,626 km/h). 35 pilotes au départ, 28 classés.
Championnat du monde (3/17): 1. Corsi 59. 2. Terol 42. 3. Olive 40. 4. Bradl (All), Aprilia, 37. 5. Gadea (Esp), Aprilia, 32. 6. Di Meglio (Fr), Derbi, 29. Puis: 14. Aegerter 12.
250 cm3 (26 tours=108,732 km): 1. Bautista (Esp), Aprilia, 44'34''257 (146,371 km/h). 2. Simoncelli (It), Gilera, à 7''050. 3. Kallio (Fin), KTM, à 7''063. 4. Lüthi (S), Aprilia, à 12''998. 5. Aoyama (Jap), KTM, à 14''666. 6. Takahaschi (Jap), Honda, à 18''498. Puis: 8. Barbery (Esp), Aprilia, à 28''012. Eliminés, entre autres: Debon (Esp), Aprilia (3e tour) et Pasini (It), Aprilia (20e), sur chute. Meilleur tour: Bautista (8e) en 1'41''425 (148,436 km/h). 25 pilotes au départ, 19 classés.
Championnat du monde (3/17): 1. Kallio 57. 2. Pasini 45. 3. Barbera 39. 4. Takahaschi 37. 5. Bautista 35. 6. Aoyama 24. Puis: 12. Lüthi 14.
MotoGP (28 tours=117,096 km): 1. Lorenzo (Esp), Yamaha, 45'53''089 (153,117 km/h). 2. Pedrosa (Esp), Honda, à 1''817. 3. Rossi (It), Yamaha, à 12''723. 4. Edwards (EU), Yamaha, à 17''223. 5. Hopkins (EU), Kawasaki, à 23''752. 6. Stoner (Aus), Ducati, à 26''688. Eliminés: Dovizioso (It), Honda (15e) et Hayden (EU), Honda (16e), sur chute. Meilleur tour: Lorenzo (18e) en 1'37''404 (154,564 km/h). 18 pilotes au départ, 16 classés.
Championnat du monde (3/18): 1. Lorenzo 61. 2. Pedrosa 61. 3. Rossi 47. 4. Stoner 40. 5. Toseland (GB), Yamaha, 29. 6. Capirossi (It), Ducati, 26.
Prochaines courses: GP de Chine le 4 mai.

Superbe course........Merci Tom