L’an dernier à Sepang

L’an dernier à Sepang *
* : Tiré du "WebBook de la Saison 2005", téléchargeable ici: http://webbook.forum-motogp.com

Long de 5,548 Km le tracé du circuit de Sepang en Malaisie accueille la
13ème manche du Championnat du Monde MotoGP. Quatre épreuves seront
encore à disputer et pourtant le Titre devrait être décerné ce dimanche
au terme de la course dans la catégorie reine. Seule possibilité pour
que ça n’arrive pas : que Max Biaggi marque 13 points de plus que son
éternel rival Valentino Rossi. Si cela arrivait, Biaggi repartirait de
Malaisie avec au minimum 99 points de retard sur Rossi et pourrait donc
encore prétendre au titre. A la seule condition bien sûr de gagner les
4 courses suivantes et que Rossi n’en termine aucune.
Si la dernière chance pour le Romain d’être titré cette année est inconcevable (sauf pour lui certainement), il a
encore la chance de pouvoir retarder un peu plus le Sacre du Roi Rossi comme il vient de le faire une semaine
plus tôt au Japon.

Car en chutant là-bas, Valentino s’est lui-même mis dans l’embarras alors que toute l’équipe Yamaha l’attendait
avec impatience pour fêter dignement son titre et surtout leur Cinquantenaire.
Mais cette saison, les fêtes programmées par Yamaha pour célébrer leur jubilée ne leur réussissent pas comme
ils l’escompteraient. On se rappelle bien évidemment la superbe livrée jaune à Laguna Seca qui s’était soldée
certes par un duo Rossi/Edwards sur le podium, mais néanmoins perturbé par la victoire du pilote Honda
Nicky Hayden.
Au vu des essais, Biaggi n’a pas l’air d’avoir trouvé un set-up parfait et se retrouve en bout de 4ème ligne. Un
peu mieux, Rossi partira du début de la 3ème ligne mais il sait qu’en course il devrait trouver le moyen de grignoter
de précieuses places. Devant, Capirossi fait la pole et précède Gibernau et Hopkins. Tous trois attendent
beaucoup de cette course.

En 250 Aoyama a franchi un cap la semaine précédente en gagnant devant son public et le prouve en s’adjugeant
la pole. Il a son coéquipier Pedrosa à ses côtés, ainsi que les Aprilia de De Angelis et Stoner.

En 125 Lüthi est en pole devant Pasini, Talmacsi et Kallio. Le Suisse aura par contre du mal dans les 2 lignes
droites à contenir ses adversaires plus rapides, surtout qu’il a encore très mal à l’épaule suite à son incroyable
chute à Motegi.

Course MotoGP : Le «Capirex» dévore tout.
Déjà en pole la semaine précédente, Loris Capirossi avait enfoncé le
clou en s’imposant et en privant ainsi les Japonais de voir une machine
de leur pays au sommet. Certains disaient que les Bridgestone avaient
été la clé de cette performance et que la donne changerait bien vite.
Oui mais voilà, les mauvaises langues ont beau être pendues, le
sympathique Italien compte bien prouver que sa victoire n’était pas le
seul fruit des pneumatiques japonais, mais bel et bien d’un trio
gagnant : lui, sa machine et ses pneus. Depuis un an et demi que les
Rouges attendaient cela ! Enfin leur team a l’air d’avoir retrouvé la
bonne direction de travail. Même Carlos Checa, qui avait du mal à
trouver ses marques sur la surpuissante machine italienne, est en
confiance. La trêve estivale a vraiment été bénéfique à toute l’équipe
Ducati Marlboro ainsi qu’à Bridgestone.
Et pour preuve, sur les 5 premiers à s’élancer dimanche, seul Sete
Gibernau 2nd roule avec des Michelin. Hopkins est 3ème sur la Suzuki,
Nakano est 4ème sur la Kawasaki et Roberts Jr place la deuxième Suzuki
en 5ème position.

Lorsque les feux rouges s’éteignent, Capirossi prend le meilleur
départ. A la lutte pour la seconde place au 1er virage, Melandri jette
sa Honda Movistar à l’intérieur tandis que son coéquipier a quasiment
fermé la porte et que Hayden resserre à l’extérieur. Les 3 Honda se
touchent et ne chutent pas mais c’était limite. A ce petit jeu c’est
Marco Melandri qui obtient la seconde place mais il se fait passer
quelques virages plus loin par un Shinya Nakano qui sent qu’il a une
carte à jouer.
Au passage sur la ligne, Capirossi mène devant Nakano, Melandri, Hayden, Gibernau, Rossi, Roberts et Checa.
Melandri double Nakano tandis que Gibernau fait de même avec Hayden.
Quelques virages plus tard ces deux derniers manquent une nouvelle fois
de chuter en s’effleurant et l’Espagnol compte quelques mètres de
retard sur le trio de tête à l’entrée de la ligne droite en fond de
circuit. Ne voulant pas les laisser filer, Gibernau tente un intérieur
osé sur le pilote Kawasaki dans le dernier virage mais ça ne passe pas,
sa Honda se couche de l’avant et il emmène dans sa chute le malheureux
Nakano. Se rendant compte de son énorme bourde, le Catalan s’agenouille
dans le bac à sable, un geste malheureusement trop commun cette saison…
Il s’excusera ensuite envers Shinya.

Cette chute a creusé un écart entre Capirossi et Melandri et le groupe
Hayden, Rossi, Roberts et Checa qui se suivent à quelques centimètres
les uns des autres. Biaggi est un peu plus loin devant Barros et
Hopkins qui a raté son départ.
Au terme d’un troisième tour parfait qui lui vaut le record du tour en
2.02.9, Hayden est passé second et se lance à la poursuite du pilote
Ducati qui le précède.

Rossi se retrouve quant à lui derrière Melandri et ne veut surtout pas
rééditer sa bévue du weekend dernier. Trop pressé à passer son
compatriote, il l’avait heurté de l’arrière et le pilote Honda s’est
blessé au pied dans l’affaire. Nul doute que la douleur doit être très
forte lors des lourds freinages qui sont nombreux sur le tracé malais.
Le numéro 46 étudie donc les trajectoires de son adversaire pendant
quelques virages et lui fait l’intérieur proprement dans la 4ème
boucle.
Il s’attaque ensuite au duo de tête composé de Capirossi et Hayden et
passe l’Américain dans le 8ème tour. Quatre tours plus tard il ravit la
tête à son compatriote italien mais ce dernier n’a pas fait la pole et
mené les deux tiers de la course pour rien. Il reprend son bien dans le
14ème tour et ne le concèdera plus jusqu’à l’arrivée, étant
régulièrement plus vite que le désormais septuple Champion du Monde.
Car en réussissant à finir in extremis second devant un Checa qui a
fait une remontée magnifique et à qui il ne manquait que quelques
mètres pour offrir le doublé à Ducati, Vale se succède encore une fois
à lui-même au Championnat du Monde. 

Comme chaque année, la fête est de taille et pour célébrer son titre,
Rossi et son Fan Club ont fait une mise en scène délirante : il descend
de sa moto, fait la bise à Blanche-neige et pose devant «sept nains»
censés représentés ses 7 titres (1 en 125, 1 en 250, 1 en 500 et 4 en
MotoGP).

Hayden finit 4ème après avoir perdu plusieurs dixièmes à chaque passage
après la mi-course et cédé après une jolie passe d’armes avec Checa.
Derrière, Melandri a quant à lui résisté à un groupe composé de Biaggi,
Roberts Jr, Barros.
Course 250 : Carton plein pour Aprilia.
Il est des jours où rien ne va. Et ceci vaut pour tous les pilotes, du
premier au dernier. Dimanche, à Sepang, ce sont les pilotes Honda qui
ont été touchés par la malchance : Andrea Dovizioso chute dans le
premier tour avec Alex Debon, Dani Pedrosa dans le tour suivant, Aoyama
roule à 2 secondes de son temps des essais et termine 5ème et on ne
peut oublier Jorge Lorenzo qui est suspendu pour ce Grand Prix.
Débarrassés d’adversaires de premier ordre, les pilotes Aprilia en ont
profité pour terminer aux quatre premières places de la course avec
dans l’ordre Casey Stoner (déjà vainqueur en 125 l’an dernier) 3
secondes devant Alex De Angelis, 4 devant Sebastian Porto et 7 devant
Randy De Puniet. Coup double pour le pilote Aprilia LCR car non
seulement avec cette victoire il distance Andrea Dovizioso pour la
seconde place au Championnat, mais plus important, il se rapproche
dangereusement de son rival pour le Titre, Dani Pedrosa.
La course n’a pas été des plus disputées car hormis les premiers
virages qui ont été menés par le numéro 1, Stoner est vite passé en
tête et ne l’a jamais lâchée. Il a appliqué à la course un rythme
d’enfer et a signé le record du tour au 2nd passage sur la ligne. Alex
De Angelis a bien tenté de coller à la roue du petit Australien mais il
a perdu continuellement du temps et s’est vite résigné à finir second –
notamment après une grosse frayeur en début de course. Dommage, la
victoire n’a pas l’air loin pour l’officiel MS-Aprilia.
Randy a fait une jolie course et surtout une jolie remontée dans les
premiers tours. Pointé 9ème au premier intermédiaire, il finit la
première boucle en 6ème position. Au 2nd tour il profite de la chute de
Pedrosa pour passer 5ème. Il recolle ensuite à son coéquipier le tour
suivant et le passe dans le dernier virage au 4ème tour. Au 5ème il
monte virtuellement sur le podium en doublant sur un freinage appuyé un
Aoyama qui n’affiche pas la même domination qu’au Japon.
Malheureusement les 2 pilotes de tête sont déjà trop loin et Randy
tente d’assurer son podium face à son coéquipier qui lui colle à la
roue. Il résiste plusieurs boucles mais doit céder peu après la
mi-course et termine donc aux portes du podium.
Bonne opération tout de même pour les 2 pilotes d’Aspar Martinez
puisqu’ils se rapprochent à 23 points de la 3ème place au Championnat.

Course 125 : Un coup à toi, un coup à moi.
Incroyable ! Victime d’une des chutes les plus spectaculaires de
l’année le dimanche précédent, Thomas Lüthi a réussi à faire la pole
samedi lors d’un run du dernier espoir. Blessé aux pieds et à l’épaule,
le jeune Suisse n’a guère de chance de remporter la course. Deux choses
jouent en sa défaveur : ses blessures bien entendu mais également sa
moto qui est réputée pour rendre de précieux Km/h en ligne droite. Or
le problème à Sepang, c’est qu’il n’y a pas UNE ligne droite, mais
DEUX. D’habitude plus rapide dans les parties sinueuses en faisant
corps avec sa machine et en roulant très proprement, la tâche s’annonce
donc presque insurmontable pour le leader du Championnat qui devra se
surpasser durant 19 tours afin d’essayer de terminer le mieux placé
possible.

Et pourtant, ses fans les plus optimistes ont remarqué deux détails qui
vont peut-être lui porter chance : il a gagné les 2 précédentes courses
où il avait réussi la pole (au Mans et à Brno) et depuis 3 courses il
joue à «un coup à toi un coup à moi» pour la victoire avec Mika Kallio.
2ème au Sachsenring derrière le Finlandais, il a gagné à Brno tandis
que le pilote KTM finissait second et la semaine dernière, Kallio a de
nouveau gagné devant Lüthi. Donc si on suit ce schéma, Lüthi devrait
gagner cette course devant Kallio.
Et bien c’est à croire que quelqu’un tout là haut a entendu les prières
visant à encourager le pilote Honda Elit et les a exaucées. Pour 2
millièmes de seconde, il remporte la course et devance… Mika Kallio.

Mal parti, le pilote Suisse a tiré profit de son aisance dans les
premiers virages pour pointer à la troisième place au premier
intermédiaire. Quelques mètres plus loin il taxe au freinage Kallio
auteur du holeshot et Pasini et se retrouve en tête du GP. Comme en 250
où Stoner a pris la tête et ne l’a plus lâchée, Lüthi a imprimé un
rythme très rapide dans les premiers tours afin de faire éclater un
éventuel peloton de poursuivants.
Un seul pilote réussira à suivre le Suisse : son rival Mika Kallio.
Débordé dans les premiers tours par son coéquipier Julian Simon, le
plus rapide des KTM repasse en seconde place au 4ème tour après s’être
débarrassé auparavant de Talmacsi et Pasini et entame une lente
remontée sur le leader échappé. Une seconde sépare alors le Finlandais
de son adversaire et il faudra attendre la mi-course pour voir les 2
pilotes passer la ligne dans la même seconde. Dès lors dans son
aspiration, Kallio attendra patiemment la fin de course pour déborder
son rival et le doubler dans la ligne droite finale. Mais la ligne
d’arrivée était placée quelques centimètres trop tôt pour le pilote
orange…
Longtemps 3ème et 4ème, Talmacsi et Simon finiront respectivement 5ème
et 6ème, passés par Pasini et Faubel, auteur d’une belle remontée.

Mike Di Meglio finit 11ème à 20 secondes alors qu’il était parti 10ème.
Mais ce qu’il faut noter de ce week-end pour le Français, c’est qu’il a
fini 1er des 2 séances du vendredi et 2nd de la séance libre du samedi
matin.