Yamaha ambitieux

L’équipe Gauloises Yamaha est revenue en Europe la semaine dernière fatiguée mais heureuse de son excellent début de championnat 2005 après une nouvelle victoire au premier Grand Prix de Chine.

Cette victoire historique à Shanghai permet à Valentino Rossi d’engranger à nouveau les 25 points de la victoire et dans le même temps d’améliorer son écart en tête du championnat. Le coéquipier de Rossi, Colin Edwards consolide également les classements équipes et constructeurs après les 3 premiers GP.

Le matériel ayant pris directement le chemin de la France, pour la quatrième étape de la saison, ce fut une bonne opportunité pour les pilotes et l’équipe pour prendre un peu de repos et se préparer à l’assaut du podium du Mans. Le circuit Bugatti aura une signification particulière sachant que l’équipe aura à cœur d’améliorer la décevante quatrième position de Rossi l’an passé et de confirmer les récents progrès de la M1 version 2005.

Les améliorations par rapport à la moto de l’an dernier ont d’ailleurs déjà été mises en avant lors des récentes victoires à Jerez et en Chine ainsi qu’avec la belle seconde place à Estoril dans des conditions difficiles.

Un podium au Mans ne permettrait pas uniquement d’accroître l’avance au championnat, mais prouverait également que la YZR-M1 est meilleure que jamais pour dominer jusqu’à la fin de saison.

Le circuit du Mans ouvrait ses portes pour la première fois au MotoGP en 1969. D’autres circuits à Albi, Rouen, Reims, Clermont-Ferrand, Paul Ricard, et Magny Cours ont également accueilli le GP de France, mais, depuis cinq ans, le circuit Bugatti est une base du calendrier.

VALENTINO ROSSI ET UN GOÛT D’INACHEVÉ

Valentino Rossi a un défi à relever au Mans sachant que c’est un des cinq circuits sur lequel il n’a pas été sur le podium la saison dernière. Les performances de la YZR-M1 lors des trois premières courses ont donné confiance au Champion du Monde en titre dans sa capacité à s’adapter à n’importe quel circuit dans toutes les conditions météo.

« Les changements que nous avons apportés à la M1 le dimanche matin à Shanghai m’ont permis de remporter ma première course sur le mouillé pour Yamaha. Nous avons rendu la fourche plus souple et c’est une modification qui devrait nous servir sur le sec également.

Le Mans n’est pas un de mes circuits préférés, la course de l’année dernière fut difficile avec ma quatrième place. J’espère que nous aurons résolu nos problèmes quelles que soient les conditions. Si la météo n’est pas bonne le circuit peut être assez technique, c’est pour cela que j’espère que nous aurons la chance avec nous pour du soleil, mais de toute façon nous savons que même avec la pluie nous sommes meilleurs que dans le passé.

Alors que Rossi a dominé le championnat pilotes depuis le début de saison, son challenger a changé à chaque GP. Après Sete Gibernau et Alex Barros le plus proche de Valentino est désormais son jeune compatriote Marco Melandri avec 25 points de retard.

« Battre Sete Gibernau et Alex Barros dans ces conditions à Shanghai fut la chose la plus incroyable, Melandri a réalisé une très belle course, il est bien partout cette année. Pour moi avoir été vite sous la pluie fut fantastique. Je n’avais jamais gagné sous la pluie avec Yamaha par conséquent cette victoire fut différente et nous avons pu prendre de gros points.

Nous étions un peu inquiets à Shanghai car Gibernau était très vite. Gibernau et Barros devaient certainement s’attendre à pouvoir me battre sous la pluie, la victoire en est que meilleure. »

Cela dit Rossi admet que sa plus grande inquiétude du week-end est venue d’Olivier Jacque qui a terminé à 1,7 seconde derrière lui pour un retour à la compétition. « Désormais je suis un peu inquiet d’Olivier Jacque, avant le GP il avait déclaré qu’il roulait en Chine pour s’entraîner et qu’il pourrait se concentrer sur la course au Mans. Il a terminé second en Chine, alors maintenant qui sait ce qui peut se passer en France ! »

COLIN EDWARDS VERS DE MEILLEURS MOMENTS

Colin Edwards est revenu en Europe en empruntant le même itinéraire que pour partir en Chine, faisant une escale au Texas chez lui pour une petite visite familiale.

L’Américain souhaite laisser derrière lui ses soucis de début de saison pour un bon retour aux affaires ce week-end. En chine Colin avait dû faire face à des soucis de sélecteur de vitesses l’empêchant de faire mieux qu’une huitième place après un départ en cinquième ligne.

« Ce fut un début de saison amusant jusque-là et j’espère que les choses vont aller mieux désormais. La Chine fut très similaire à Estoril, j’ai eu l’occasion de prouver que j’avais un rythme de course mais une série de circonstances m’ont empêché de viser le podium.

Personne n’est plus déçu que moi de tout cela et je ne vais pas me contenter de me battre pour la huitième place même en début de saison. L’équipe travaille très bien et si la chance nous sourit, nous devrions être là.

Je n’apprécie pas le circuit du Mans plus que ça, l’an passé marquait ma seconde participation et j’ai réalisé la pole pour terminer cinquième en course. C’est un tracé de ‘stop and go’ avec des freinages puissants, des virages étroits et de grosses accélérations. Nous allons avoir du travail sur les réglages, mais nous avons bien progressé ces dernières semaines ce qui devrait porter ses fruits. »

DAVIDE BRIVIO, REPOSÉ ET PRÊT POUR LA COURSE

Le directeur de l’équipe Gauloises Yamaha, Davide Brivio qui n’est jamais rassasié de compétition s’est rendu à Pesaro ce week-end pour participer au Championnat d’Italie des rallyes en tant que co-pilote du père de Valentino, Graziano. Pour Brivio ce fut une bonne opportunité de prendre un peu de recul sur l’intensité du paddock MotoGP.

« Les motos et tout l’équipement sont partis de Chine directement pour la France, par conséquent ces derniers jours furent une bonne opportunité pour l’équipe de se reposer après un intense début de championnat.

La chine fut un week-end très important pour l’équipe, nous avons travaillé très dur et nous avons réalisé de gros progrès avec les réglages de la moto sur le sec tout en pouvant résoudre tous les problèmes que nous avions dans le passé sous la pluie.

L’an passé nous n’avions pas été très bien sur le circuit du Mans, c’est pour cela que cette année nous venons chercher la victoire. C’était la même situation à Jerez et nous avons gagné, alors souhaitons nous de reproduire la même chose en France. Valentino a été capable de tirer le meilleur de sa moto depuis le début de saison, si la moto est bien ce week-end nous devrions voir Colin le rejoindre au top.

LE SOUFFLE DU PASSÉ ET LA CÉLÉBRATION DES 50 ANS DE YAMAHA

Le circuit du Mans et la pluie constituaient l’an passé deux obstacles pour l’équipe Yamaha. Pourtant la combinaison des deux avait été surmontée, il y a 20 ans pour la première victoire de Yamaha sur le circuit Bugatti. La huitième épreuve de la saison 500cc en 1987 avait vu la victoire de Randy Mamola sur la Honda de Francesco Chili avec 34 secondes d’avance.

« La YZR se comportait très bien et était toujours rapide dans les chicanes ce qui correspondait bien au circuit du Mans. » Se souvient Mamola. « J’étais monté deux fois sur le podium pour d’autres usines au Mans, de ce fait obtenir ma première victoire pour Yamaha était un honneur.

Grâce à son histoire, lorsque l’on pense compétition, on ne peut pas passer à côté du Mans. L’organisation effectue un travail splendide pour créer des animations autour du GP et les fans sont toujours au rendez-vous, en particulier lorsque vous menez la course et qu’ils vous acclament. »

Mamola est resté 14 ans au top de la compétition et admet que sa signature avec Yamaha fut un des plus beaux moments de sa carrière. « Quand j’avais 14 ans, j’ai décroché un contrat avec Yamaha USA et ma première moto de course fut une Yamaha TA125. A cette époque Kenny Roberts était le leader des courses de Dirt Track aux USA et il était mon héros.

Je lui demandais souvent de signer des autographes sur des posters pour ma chambre. En 1986, j’ai eu la chance de piloter une Yamaha dans le championnat du Monde, ce fut un rêve qui devenait réalité. »

ASPECTS TECHNIQUES

Les 4,180 Km du circuit du Mans sont l’archétype du circuit ‘stop and go’, avec l’addition de l’une des courbes les plus rapides du calendrier, juste après la courte ligne droite d’arrivée. Il y a plusieurs épingles et chicanes associant de gros freinages et de pleines accélérations à répétition. Avec 9 virages à droite et seulement 4 à gauche, le circuit est éprouvant pour un seul côté des gommes.

Des réglages de fourche avant plus durs sont souvent utilisés pour encaisser les gros freinages avec un amortisseur arrière légèrement plus soft qu’en pré charge de façon à permettre à la moto des sorties de virages en ligne.