Présentation du GP de Catalogne

Pour la septième manche de la saison, les pilotes prennent la direction de la Catalogne et du circuit de Montmelo. Deux semaines après la victoire de Danilo Petrucci à domicile, le pilote Ducati voudra continuer sur sa lancée, mais sera bien entendu attendu par les locaux, à commencer par Marc Marquez.

Il l’attendait depuis de nombreuses années. Danilo Petrucci est vainqueur d’une course MotoGP. Lui qui était arrivé en MotoGP sur la pointe des pieds en 2012 avec la catégorie des CRT, a progressé petit à petit pour se retrouver dans une des équipes phares de la catégorie. Ancien pilote du Superstock 1000, personne ne connaissait Petrucci lorsqu’il est arrivé dans le paddock du MotoGP. Il s’était fait remarqué lors de quelques séances disputées sous la pluie avant de faire ses preuves lorsqu’il a rejoint l’équipe Pramac. Auteur de six podiums sur les 4 dernières années, Petrucci avait prouvé qu’il pouvait se battre pour la victoire et les podiums à la régulière et non plus seulement lorsque les conditions étaient précaires. La victoire lui tendait les bras et il en a profité au Mugello, devant les siens, pour offrir à Ducati un magnifique doublé sur le podium. Car cette victoire n’a pas été acquise facilement, mais bien après une lutte qui marquera cette saison. Face à Andrea Dovizioso et Marc Marquez, les deux principaux prétendants au titre, Petrux n’a pas eu peur de forcer le passage.

Avec du recul, on peut se demander ce que va décider Ducati. Petrucci doit-il aider Dovizioso à gagner le titre, ou doit-il faire sa course, peu importe les résultats de son coéquipier ? Si Petrucci a été recruté, c’est pour être pilote numéro 2 ou 1 bis. Mais en laissant le poste de numéro 1 à Dovizioso. Chose qui n’était pas possible ces deux dernières années avec Jorge Lorenzo, ce qui a posé quelques problèmes.

Petrucci est important pour le titre par équipe, mais il risque de devenir très encombrant pour Dovizioso s’il commence à s’imposer sur les circuits favorables à Ducati.

Car oui, Marc Marquez peut se considérer comme vainqueur en Italie. Avec sa deuxième place, il reprend 4 points à Dovizioso, sur un circuit qui ne lui semblait pas favorable.

Le GP qui arrive peut encore être favorable aux Ducati, notamment grâce à la longue ligne droite (la plus longue de la saison). Mais on a vu au Mugello que la Honda ne souffrait pas tant que ça.

Car oui, même si les Ducati ont été dominatrices avec le duo Petrucci-Doviziso, ainsi qu’avec Jack Miller qui a longtemps joué le top 5 ou même Pecco Bagnaia qui a réalisé son meilleur week end depuis son arrivée en catégorie reine (malgré une nouvelle chute), les Honda ont aussi réussi à briller, avec notamment Takaaki Nakagami qui a terminé 5^ème. Le meilleur résultat du japonais en MotoGP. Alors que Cal Crutchlow a fini à l’agonie, après notamment un problème de pneu (d’après certaines photos).

Marc Marquez est dominateur, et malgré son envie de remporter toute les courses, il arrive à prendre des points importants lorsqu’il ne gagne pas. La régularité des adversaires et le résultat blanc du Texas ne joue pas en la faveur du multiple champion du Monde, même s’il au dessus de ses adversaires.

On attend aussi le retour de Jorge Lorenzo, même si vu les résultats qu’il a depuis le début de saison, il ne faut pas s’attendre à revoir le pilote de Majorque se retrouver tout de suite dans le top 10. Il faut reconnaitre que ce début d’année 2019 est mauvais pour Lorenzo, lui qui n’arrive pas à terminer une seule course dans les 10 et qui bute contre des adversaires qu’il dominait facilement les années précédentes.

Alex Rins a encore réussi une très bonne course au Mugello. Et c’était une petite surprise car ses essais avaient été très mauvais, et qu’il sortait d’un GP très difficile en France. Et pourtant, comme souvent en course, Rins a pris un bon départ pour se retrouver dans le groupe de tête. Même si on ne l’a jamais senti au-dessus des deux Ducati et de Marquez, il est resté à l’affut toute la fin de course, espérant voir un pilote du trio commettre une erreur. Erreur qui n’arrivera pas, mais cette 4^ème place permet à Rins de confirmer sa troisième place du championnat. Son coéquipier Joan Mir a comme au Mans été en difficulté pendant le week-end italien même s’il termine 12^ème et marque ainsi 4 points. Il faut reconnaitre, qu’excepté le Qatar où Mir s’était battu dans le groupe de tête pendant une bonne partie de la course, le rookie espagnol est en retrait et a du mal en ce début de saison. Alors il n’est pas ridicule loin de là, mais ces essais de pré saison nous avaient laissé espérer mieux.

Chez Yamaha, le Mugello a encore été une course à oublier. Comme très souvent depuis un an, les Yam’ boys ont passé trois jours très difficiles. Le plus marquant reste bien entendu Valentino Rossi qui a vécu un des pires week-end de sa carrière. En dehors de la Q2 le samedi midi, il n’a pas réussi à faire mieux que 18^ème sur la grille, même s’il était entouré de Jorge Lorenzo et Johann Zarco. Comme quoi, tout va très vite en MotoGP, ces trois pilotes auraient pu être sur la première ligne il y a tout juste un an. La course de Rossi ne restera pas non plus dans sa légende. Auteur d’un départ moyen, il s’est sorti de la piste avec Mir après quelques tours, avant de chuter alors qu’il était en dehors des points. Les tifosi ont beau venir voir Rossi, cette édition 2019 ne restera pas dans les annales. Mais surtout, on attend de voir la réaction de l’italien à Montmelo, sur un circuit qui lui a réussi dans le passé, et notamment il y a trois ans lors de son avant dernière victoire en carrière. Rossi est en difficulté cette année, et même si la bête de course est très souvent là, on l’entend aussi beaucoup plus critiquer sa machine depuis quasiment deux ans alors que dans le même temps, les pilotes satellites sont plus rapides que lui. Mais on connait Rossi, on sait qu’il va réagir et qu’il peut monter sur le podium dès ce dimanche.

Maverick Vinales, comme à son habitude, a fait une course en deux temps. En difficulté lors des premiers tours, il a par la suite accéléré le rythme, ou n’a pas céder plus de temps que ça aux leaders pour terminer 6^ème à 8 secondes de la victoire. On ne sait toujours pas quoi penser de Vinales.

Chez Petronas, Fabio Quartararo a encore brillé lors des essais en réalisant une première ligne pas loin de la pole de Marc Marquez. Surtout le français avait réalisé son meilleur chrono seul en piste alors que Marquez avait bénéficié de l’aspiration de Dovizioso dans la ligne droite pour son meilleur tour. Mais la course n’a pas été ce qui était attendu pour le jeune français. Auteur d’un départ moyen, il a perdu plusieurs positions avant le premier virage, avant de ne pas réussir à remonter et suivre le groupe de tête. Il a rapidement perdu le rythme et a connu des problèmes de pneus. Sa fin de course a été un véritable calvaire puisqu’il ne termine que 10^ème. Mais le rookie apprend toujours et a réussi à ramener la moto au bout et marquer 6 points de plus pour le championnat. Montmelo reste un bon souvenir pour le français puisqu’il avait réalisé sa démonstration il y a un an pour sa première (et seule) victoire en Mondial. Quartararo aime le circuit catalan, on peut donc s’attendre à le voir de nouveau dans de bonnes positions dès le vendredi.

Che KTM, les courses se suivent et se ressemblent. D’un côté Pol Espargaro arrive à marquer de bons points pour l’équipe autrichienne. De l’autre, Johann Zarco se perd de plus en plus. L’espagnol a terminé une nouvelle fois dans le top 10 après des essais plus difficiles qu’en France (11^ème tout de même sur la grille). Son début de course n’a pas été excellent, mais il a tout de même terminé en 9^ème position.

De son côté, Johann Zarco arrive sur un tour à être correct et se rapprocher du top 10. Mais il n’y a aucun run de plusieurs tours en étant constants. Là où l’an passé il était très fort. Zarco force sur sa moto, mais finit souvent au sol. Son choix le dimanche de partir avec un pneu soft arrière, en étant le seul pilote à avoir cette idée, démontre que le français ne sait plus quoi faire pour faire de bons résultats. Même son début de course qui aurait dû l’avantager n’a pas été bien bon. Pas mauvais, mais pas mieux que d’habitude. Il a terminé à l’agonie en étant plus lent que tout le plateau sur les 8 derniers tours. Est-ce que son pneu arrière était complètement foutu ou est-ce que la tête était atteinte ? On peut vraiment se poser la question.

Surtout Zarco subit les résultats de son coéquipier. Là où un Espargaro est en pleine confiance, Zarco est au fond du trou.

En Moto3, le Mugello a comme souvent été un GP plus que sympathique à regarder. Plus de dix pilotes en bagarre pour la victoire, une fin de course un peu plus débridée et une première victoire largement méritée pour Tony Arbolino. Arbolino, qui était largement en tête à Valencia l’an passé lors du dernier GP avant de chuter aurait pu déjà grimper sur des podiums. Cela n’avait pas été le cas l’an passé, mais il a bien débuté la saison avec un podium en Argentine, une première ligne en France et une pole en Italie. Le pilote Snipers a ouvert son compteur et il ne serait pas surprenant de le voir à nouveau jouer devant et remporter des courses à plusieurs reprises cette année.

Lorenzo Dalla Porta a encore fait une grande partie de la course en tête de groupe. L’italien se pose de plus en plus comme un, si ce n’est le favori pour cette saison. Pour le moment, le pilote Leopard est deuxième du championnat avec trois points de retard sur Canet. Mais il est souvent mieux placé que le pilote de Max Biaggi. Dalla Porta a déjà terminé trois fois en deuxième position cette année et restait sur trois deuxièmes places sur les cinq derniers GP 2018. Il est celui qui a le plus progressé depuis un an, et dans un championnat aussi ouvert, cela peut être important en fin d’année.

Un autre pilote qui réalise un bon début de saison est Jaume Masia qui arrive toujours en fin de course à bien se placer, malgré des qualifications souvent difficiles. Le jeune espagnol pourrait bien aussi se retrouver à jouer la gagne ce week end.

Gabriel Rodrigo, comme à chaque GP sera à n’en pas douter dans le top 5 à un moment de la course.

Méfiance aussi avec les nombreux espagnols de la catégorie, ceux qu’on ne voit pas souvent devant mais qui connaissent par cœur ce circuit, comme Alonso Lopez ou Vicente Perez.

Les deux pilotes Sic58, Niccolo Antonelli et Tatsuki Suzuki seront aussi à surveiller. C’est surement le meilleur duo de la catégorie, les deux étant très souvent dans le top 5. Mais on connait malheureusement trop bien le manque de constance des deux pilotes.

En Moto2, Alex Marquez a réalisé le doublé après sa victoire au Mans. L’espagnol est en confiance et pourrait bien tripler dès ce week end. Cette victoire lui permet de remonter au classement général et de n’être qu’à deux points du leader Lorenzo Baldassarri.

Un Baldassarri qui a eu énormément de mal lors des essais, mais s’est bien rattrapé en course. Son manque de constance pourrait lui couter cher dans cette saison. Mais vu qu’aucun pilote ne semble au-dessus du lot, on pourrait avoir une suite de saison très disputée.

Surtout que Luca Marini est revenu au premier plan. Le pilote Sky VR46 a connu un début de saison plus que difficile, n’arrivant pas à terminer dans le top 10 à plusieurs reprises. Au Mugello, on a revu le Marini de la saison 2018, celui qui est le plus rapide en piste, très constant et très difficile lorsqu’il est en duel.

Car un Tom Luthi malgré son retour dans la catégorie n’est pas plus dominateur que les années précédentes.

Marcel Schrotter est comme on le voyait l’an passé en retrait lorsque la course arrive et recule lorsque le drapeau à damiers arrive.

En revanche, la catastrophe continue pour KTM qui n’arrive pas à être mieux que 15^ème. Brad Binder qui visait le titre a remis ses ambitions au placard. Jorge Martin, champion du Monde Moto3 ne fait pas mieux, mais pas pire que son coéquipier qui est plus expérimenté.