Quadruple champion du monde en 80cc et en 125cc, Jorge Martinez – surnommé Aspar – a écumé les circuits en tant que pilote durant une quinzaine d’années. Devenu team manager, il est restée l’une des plus éminentes figures espagnoles du championnat du monde et gère aujourd’hui une structure riche en succès, engagée dans les trois disciplines. Dans un entretien transmis par son service de presse, l’ancien champion se confie sur sa vision actuelle de la course.
Qu’est-ce qui fait perdre le sommeil à Aspar ?
Jorge Martinez : « Principalement le fait de garder toute cette structure sur pied. Il est vraiment difficile de mener un aussi vaste projet. Nous ne sommes qu’en mai, mais nous travaillons déjà sur la recherche de nouveaux sponsors pour 2012. C’est ce qui me déstabilise le plus, m’inquiéter du fait que tout se mette en place. »
Que dites-vous à vos pilotes sur la grille ?
JM : « Amuse-toi. Il n’y a pas grand-chose d’autre à dire dans les moments qui précèdent immédiatement la course. Chaque pilote devrait être conscient de l’importance de son résultat, pour lui et pour le team. Il pourrait y avoir un petit détail à souligner ou quelques derniers conseils à donner, mais nous n’avons pas le temps de discuter. Quand un pilote est sur la grille de départ, il est nerveux et tendu, alors je lui dis juste d’apprécier la course et de ne penser à rien d’autre. Tout ce qui mérite d’être approfondi doit l’avoir été avant, par exemple le samedi soir. »
Quel conseil donnez-vous le plus souvent à vos pilotes ?
JM : « Chaque pilote est différent des autres. Certains ont besoin d’être poussés, d’autres d’êtres contenus. Et puis chaque course est différente des autres également, on ne vit pas deux courses identiques. »
Quel est le meilleur moment d’un week-end de Grand Prix ?
JM : « On vit différents types de moments pendant un week-end, certains sont amusants et d’autres pas. Quand les choses vont dans le bon sens pendant les essais, cela peut être fascinant à observer. J’adore la tension inhérente à un Grand Prix, même si c’est épuisant et que je réalise le dimanche soir ou le lundi matin que je suis vidé, que je digère la folie du week-end. Le meilleur moment est sans doute celui de la victoire, quand on entend l’hymne espagnol et qu’un pilote du Team Aspar est sur la plus haute marche du podium. C’est une sensation sublime. »
Que trouve-t-on toujours dans la valise d’Aspar ?
JM : « Un rêve. C’est la clé pour relever les défis quotidiens. On peut avoir une valise vide –on peut acheter de nouveaux vêtements ou une nouvelle trousse de toilette dans tous les aéroports du monde – mais il faut avoir un rêve. Mes deux prières principales sont toujours liées à ma santé et à mes rêves. Tant que j’aurai des rêves dans la course et le désir de continuer à trouver de nouveaux défis, je continuerai à me battre. »
Avez-vous beaucoup de superstitions que vous pouvez avouer ?
JM : « J’aime faire le signe de croix et, pendant les courses, j’aime avoir quelque chose dans la main. Ce peut être le bouchon d’une bouteille de champagne ou bien je me frotte simplement les mains. Ce sont de petits détails, mais ils sont très personnels. »
Vous aimez monter sur le muret des stands : qu’essayez-vous de transmettre à vos pilotes ?
JM : « Parfois, je veux essayer de leur dire quelque chose de très précis, mais ils ont du mal à le comprendre. Ils ont vraiment du mal à comprendre quoi que ce soit quand ils foncent sur la ligne droite, mais je ne peux pas m’empêcher d’essayer. Par exemple, quand Nico [Terol] et Hector [Faubel] se battaient pour la position de leader à Jerez, je montrais ma tête du doigt pour essayer de leur dire de garder la leur. Ils étaient très rapides sur une piste humide et il aurait été facile que l’un d’eux tombe. On essaye de leur transmettre des choses en gesticulant ou bien en utilisant le panneau, mais en général ça ne fonctionne pas. »
De quel Grand Prix vous souvenez-vous avec le plus de tendresse ?
JM : « Il n’y en a pas un en particulier. Heureusement pour moi, il y en a eu beaucoup, en partant de l’époque à laquelle je courrais moi-même jusqu’à aujourd’hui. Les doubles victoires sont spéciales, lorsque nous gagnons dans deux catégories différentes le même jour. »
Quel est votre circuit préféré au calendrier ?
JM : « Pour moi, le plus technique et le plus beau des circuits actuels est Philip Island. L’endroit qui me fait le plus souffrir, même s’il reste mon favori grâce à son atmosphère et parce que j’y suis chez moi, c’est le circuit Ricardo Tormo. (Jorge Martinez a dirigé la construction du circuit de Valence avec son ami Ricardo Tormo, décédé avant son inauguration, ndlr) »
L’époque glorieuse actuelle des pilotes espagnols évoque les temps de Nieto, Aspar et Crivillé…
JM : « Ca n’est pas un hasard si la moto espagnole vit une période aussi brillante. La Dorna a fait un excellent travail ces douze dernières années environ, et les circuits espagnols sont d’un niveau international. A Valence, nous avons la Bankia Cuna de Campeones, qui forme des pilotes de haut niveau depuis onze ans. Nous avons quatre Grands Prix en Espagne, sur des circuits incroyables, ainsi que d’excellents pilotes. Tous ces facteurs réunis, et ajoutés à la vaste couverture médiatique que nous offrent la télévision et la presse écrite, permettent à la moto espagnole de vivre une ère aussi merveilleuse. »
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